A Madrid, le pari de la conservatrice Isabel Diaz Ayuso pour contrer l’extrême droite
La présidente de la communauté de Madrid, Isabel Diaz Ayuso, à Alcorcon, le 23 mai 2023. JAVIER SORIANO / AFP
Des douze régions autonomes en jeu lors des élections locales qui ont lieu dimanche 28 mai en Espagne, seule celle de Madrid pourrait voir l’extrême droite reculer. Ailleurs, les sondages indiquent que le parti Vox pourrait doubler ses sièges (Aragon, Asturies, Baléares, Murcie) ou faire son entrée (Canaries, Castille-La Manche, Estrémadure, Navarre, Rioja) dans les parlements régionaux. Presque partout, il devrait s’asseoir comme la troisième force politique, devant Podemos et autres déclinaisons de la gauche radicale. A l’opposé de l’arc politique, le recul de la gauche de la gauche pourrait faire basculer à droite de nombreuses régions lors d’élections perçues comme un test pour le président du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sanchez, avant les élections législatives de décembre.
Le Parti populaire (PP, droite) est donné favori du scrutin. Mais l’appoint de l’extrême droite pourrait lui être indispensable s’il veut ravir à la gauche les gouvernements régionaux de Valence, d’Aragon, de Castille ou des Baléares et conserver celui de Murcie. Or Vox a déjà prévenu qu’il exigerait, en échange de son soutien au PP, d’entrer dans des gouvernements de coalition, comme en Castille-et-Léon en 2022.
Dans ce panorama, la communauté autonome de Madrid, gouvernée depuis 2019 par la représentante d’une droite néolibérale décomplexée, Isabel Diaz Ayuso (PP), fait figure d’exception. Cette femme de 44 ans pourrait rassembler plus de 47 % des voix, deux points de plus qu’aux élections anticipées de mai 2021. Et 25 points de plus qu’en 2019, lorsque cette journaliste de formation, entrée au PP à 27 ans, a fait irruption sur la scène régionale. Cette fois, elle a fait le pari d’obtenir les 69 sièges de la majorité absolue et de pouvoir ainsi se passer du soutien de Vox, parti qu’elle qualifie d’« inutile » et d’« incompétent ».
Capter le vote latino-américain
Dans la région de la capitale, cette femme issue d’une famille de petits entrepreneurs ruinés par la crise de 2008, qui aime la confrontation, voire la provocation, est parvenue à freiner la fuite des voix des déçus du PP vers Vox. Pour cela, elle a pris le contre-pied des accents xénophobes de Vox. A chaque déclaration douteuse concernant l’immigration venue du parti d’extrême droite, elle reproche à ses représentants de « ne pas avoir de cœur » ni de « morale chrétienne » ou elle leur rappelle que « la délinquance n’a rien à voir avec l’origine des gens ».
Fidèle à la ligne libertarienne aux accents néoconservateurs du courant du PP qui gouverne Madrid depuis vingt-huit ans, elle bataille contre le mouvement féministe ou pour les privatisations dans l’éducation et la santé publique. Son principal ennemi est le communisme, qu’elle voit partout.
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Source: Le Monde