Festival de Cannes : "J'ai eu le sentiment d'une attaque totalement injuste sur le fond", réagit la ministre de la Culture au discours de Justine Triet

May 28, 2023
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La réalisatrice Justine Triet avait dénoncé, alors qu'on lui remettait la Palme d'or au Festival de Cannes, la politique du gouvernement sur la culture et la réforme des retraites.

"J'ai eu le sentiment d'une attaque totalement injuste sur le fond", réagit dimanche 28 mai sur France Inter la ministre de la Culture Rima Abdul-Malak. Au Festival de Cannes, lors de la remise de la Palme d'or pour son film Anatomie d'une chute, la réalisatrice Justine Triet a dénoncé la politique du gouvernement sur la culture et la réforme des retraites.

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"Justine Triet a tout à fait le droit de dire ce qu'elle pense de la réforme des retraites et de la politique du gouvernement, ce n'est pas cela que je conteste", explique la ministre qui se dit "toujours ouverte au dialogue", si la réalisatrice souhaite échanger avec elle sur le sujet.

Une position "très idéologique"

"Bien sûr que je félicite ce film", dit encore Rima Abdul-Malak, "que je n'ai pas vu mais qui a l'air formidable (...) en revanche je reste en désaccord avec sa position visiblement très idéologique, qui caricature la politique culturelle menée par Emmanuel Macron depuis 2017". "Quand elle parle d'un gouvernement qui défend la marchandisation de la culture, poursuit la ministre, et qui casse l'exception culturelle française, c'est complètement faux !", s'insurge-t-elle,

"Sur quoi se base-t-on pour parler de ça ? En quoi sommes-nous en train de marchandiser la culture ?" Rima Abdul-Malak à France Inter

La ministre de la Culture assure que "le gouvernement n'a jamais autant fait depuis qu'Emmanuel Macron est président pour sauvegarder notre exception culturelle", évoquant une directive européenne obligeant les plateformes comme Netflix, Amazon ou encore Disney à financer la production de films et séries européens. En France, depuis 2021, "c'est une obligation de 20%" du chiffre d'affaires de ces plateformes qui doit aller dans la création française, assure la ministre, contre "3,5% en Espagne". "Voilà une preuve éclatante de notre soutien total à cette industrie et à cet art du cinéma", dit Rima Abdul-Malak.

"Un tiers des films soutenus sont des premiers films"

La ministre insiste aussi sur les "400 millions d'euros d'aides au secteur" lors de la crise sanitaire : "Nous avons mis en place un fonds de soutien aux tournages de 50 millions d'euros et la France était le premier pays à reprendre les tournages pendant le Covid, dès le 1er juin 2020". Quant aux aides du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC), "à peu près un tiers des films soutenus sont des premiers films", affirme la ministre, "ce qui veut bien dire qu'il y a un soutien à la diversité, au renouvellement des talents. Nous sommes le pays qui soutient le plus la diversité culturelle". Rima Abdul-Malak a annoncé il y a une semaine à Cannes un nouveau plan de soutien au cinéma et à l'audiovisuel, doté de 350 millions d'euros "pour les studios de tournage et doubler nos capacités de formation à horizon 2030".

"C'est bien parce que nous avons ce système de financement du cinéma qu'un film comme celui de Justine Triet est possible." Rima Abdul-Malak à France Inter

La ministre relativise cette déclaration, "une déclaration, d'une réalisatrice" dit-elle, alors que "le Festival de Cannes a montré à quel point il est le réceptacle de la diversité, de la richesse du cinéma, de films très singuliers et engagés". "C'est bien parce que nous avons ce système de financement du cinéma qu'un film comme celui de Justine Triet est possible et qui fait que le festival de Cannes peut l'honorer et lui donner la Palme d'or", assure la ministre : "Réjouissons-nous d'avoir supporté ce système de financement qui est unique au monde et qui est envié dans énormément de pays".

Source: franceinfo