Cyclisme : Primoz Roglic s’offre le premier Tour d’Italie de sa carrière

May 28, 2023
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Leader du classement général, le Slovène Primoz Roglic (à l’arrière gauche) célèbre sa victoire sur la ligne d’arrivée de la dernière étape du Giro, à Rome, le 28 mai 2023. LUCA BETTINI / AFP

En 2020, à la veille de l’arrivée sur les Champs-Elysées, un contre-la-montre l’avait privé du sacre qui lui semblait pourtant promis sur le Tour de France. En 2023, le même exercice lui a permis de renverser un Tour d’Italie qu’il imaginait perdu. Dimanche 28 mai, Primoz Roglic s’est offert le premier Giro de sa carrière ; sa quatrième victoire dans un grand Tour après ses trois triomphes sur la Vuelta (2019, 2020 et 2021).

Le Slovène était tout sourire au moment de franchir la ligne d’arrivée au pied du Colisée, à Rome, la maglia rosa – tunique du leader au classement général – sur les épaules, au terme d’une ultime journée remportée par le sprinteur britannique Mark Cavendish.

Avant le départ de cette 106e édition de la boucle transalpine, les suiveurs salivaient à l’idée d’un duel entre le coureur de la Jumbo-Visma et le Belge Remco Evenepoel dans la quête du sacre. Le sort en a décidé autrement. Vaincu par le Covid-19, pour lequel il a été diagnostiqué positif, le prodige de la Soudal-Quick-Step a dû jeter l’éponge, quelques heures à peine après s’être adjugé la 9e étape et avoir endossé à nouveau le maillot rose. Et ce fut finalement Geraint Thomas, lauréat du Tour de France 2018 et 3e de sa dernière édition, qui fut son adversaire principal.

« Pour être honnête, Primoz le mérite »

Le Gallois de l’armada britannique Ineos-Grenadiers avait récupéré la précieuse tunique après le forfait du champion du monde, et s’il l’a bien cédée quelques jours au Français Bruno Armirail, l’éventualité de le voir devenir ce dimanche, à 37 ans, le plus vieux lauréat de l’histoire du Giro se renforçait au fil des étapes. A l’arrivée, Geraint Thomas est battu… pour 14 secondes, un des écarts les plus faibles des annales de l’épreuve.

La faute à ce chrono de l’avant-dernière journée, entre Tarvisio et Monte Lussari, près de 19 kilomètres, dont les 7 derniers à 12,1 % de pente moyenne. Malgré un saut de chaîne à environ deux kilomètres du but qui lui aura fait perdre une bonne dizaine de secondes, Primoz Roglic, champion olympique en titre de la spécialité, s’impose avec 40 secondes d’avance sur son rival et rattrape les 26 secondes de retard qui séparaient les deux hommes au général. Le Gallois est beau joueur : « Pour être honnête, Primoz le mérite. Il m’a fracassé, et en plus il a connu un ennui mécanique. Chapeau à lui », commentait-il alors.

Avant même le grand départ, dans la région des Abruzzes, ce Giro aura donné des sueurs froides au Slovène, dont la formation avait vu ses plans contrariés par le Covid-19. Robert Gesink et Tobias Foss avaient dû déclarer forfait, remplacés par Jos van Emden et Rohan Dennis… avant que le premier ne soit, lui aussi, contraint de renoncer pour les mêmes raisons. « Ce n’est pas l’idéal, ce n’est pas l’équipe que l’on imaginait au départ, mais ces choses arrivent et il faut s’adapter », reconnaissait Primoz Roglic, le 4 mai. Et d’ajouter : « A la fin, notre mission reste la même. » Et elle est réussie.

Le coup de pouce de Geraint Thomas à Mark Cavendish

Cette 106e édition du Tour d’Italie laissera aussi un joli souvenir à plusieurs coureurs français. A commencer par Bruno Armirail, que la 14e étape a propulsé en pleine lumière : sur le podium, vêtu du maillot rose, sous les confettis et une bouteille de mousseux à la main. En se glissant dans une échappée de vingt-sept coureurs qui a rallié l’arrivée avec plus de 21 minutes d’avance sur le peloton des favoris, l’équipier modèle de la Groupama-FDJ était devenu le premier Tricolore depuis Laurent Jalabert, en 1999, à se parer de la tunique de leader sur le Tour d’Italie.

Son leader, Thibaut Pinot, nourrira sans doute quelques regrets après avoir échoué par deux fois à un fil de la victoire d’étape pour son dernier Giro – il prendra sa retraite à l’issue de la saison. Il repart tout de même d’Italie lauréat du classement de la montagne et 5e au général. Quant à Aurélien Paret-Peintre, il a signé sur les routes transalpines la plus belle victoire de sa carrière, levant les bras à l’issue de la 4e journée à Lago Laceno. Son échappée lors de la 16e étape aux côtés de son cadet et partenaire au sein de la formation AG2R-Citroën, Valentin, restera aussi une des belles images de ce Giro 2023.

Mark Cavendish célèbre sa victoire sur la dernière étape du Giro d’Italia, à Rome, dimanche 28 mai 2023. MARCO ALPOZZI / AP

Comme cette ultime victoire de Mark Cavendish, lui qui avait annoncé sa décision de mettre un terme à sa carrière à la fin de 2023. « Regagner à Rome, c’est vraiment magnifique », a réagi le sprinteur d’Astana Qazaqstan, ému, au micro des organisateurs. Sa 17e victoire d’étape sur le Giro, la 54e sur un Grand Tour, il la doit en partie à Geraint Thomas, avec lequel il a partagé le maillot de la Sky en 2012, qui l’a aidé à s’offrir le titre de champion du monde à Copenhague en 2011, et qui l’a idéalement replacé dans le dernier kilomètre ce dimanche. « J’ai vraiment eu des amis au top aujourd’hui, des amis de longue date », lui rendra hommage l’intéressé. Un final en forme d’apothéose.

Source: Le Monde