Espagne : la gauche en net recul aux élections municipales et régionales

May 28, 2023
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Alberto Nuñez Feijoo, le leader du Parti populaire, à Madrid, le 28 mai 2023. PIERRE-PHILIPPE MARCOU / AFP

A six mois des élections législatives, le Parti socialiste du premier ministre Pedro Sanchez a subi un très net revers lors des élections municipales et régionales, dimanche 28 mai, en Espagne, selon les premiers résultats officiels et les projections des médias. « Nous sommes devant une marée de droite en Espagne », a déclaré à la presse le chef du gouvernement sortant de la Cantabrie (nord de l’Espagne), Miguel Angle Revilla, un autonomiste qui gouverne localement en coalition avec les socialistes.

Le Parti populaire (PP, droite) d’Alberto Nuñez Feijoo, qui a fait de ces élections locales et régionales un référendum national sur la politique de M. Sanchez, a atteint son premier objectif : être le parti recueillant le plus grand nombre de voix aux municipales. Après dépouillement de plus de 97 % des suffrages pour les municipales, le PP a réuni près de 6,9 millions de voix (31,47 %), contre un peu plus de 6,1 millions au Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de M. Sanchez (28,18 %).

Surtout, le PP est quasiment assuré de conquérir plusieurs régions jusqu’alors dirigées par le PSOE, en premier lieu la Communauté valencienne (Est), la quatrième du pays par la population, selon la télévision publique espagnole (TVE). En outre, le Parti socialiste semble en passe de perdre la mairie de Séville, la plus grande ville d’Andalousie (Sud) et un de ses bastions, au profit du PP, toujours selon TVE. Dans le même temps, le PSOE a échoué dans sa tentative de récupérer la mairie de Barcelone, la grande métropole de la Catalogne, qu’il a occupée de 1979 à 2011.

« Mon heure arrivera si les Espagnols le veulent »

Les élections de ce dimanche portaient sur la totalité des 8 131 municipalités, soit 35,5 millions d’électeurs, ainsi que les assemblées de 12 des 17 régions autonomes. Quelque 18,3 millions d’électeurs étaient concernés par ce deuxième vote. Ce double scrutin était considéré comme une répétition générale avant les élections législatives, dont la date exacte n’est pas encore connue.

Le nom de M. Sanchez ne figurait dimanche sur aucun bulletin, pas plus que celui de M. Nuñez Feijoo. Mais l’enjeu était très important pour les deux hommes, qui s’étaient énormément impliqués dans la campagne, donnant à ces élections des airs de première manche avant les législatives de la fin de l’année.

Le Parti populaire a fait dimanche « un pas de géant » sur la route devant conduire son chef au poste de premier ministre, a lancé le président du gouvernement d’Andalousie, Juan Manuel Moreno Bonilla, membre du PP. L’Espagne « a entamé un nouveau cycle politique », a pour sa part affirmé dimanche soir M. Nuñez Feijoo, qui conduisait le PP à des élections pour la première fois depuis son arrivée à la tête de ce parti, il y a un peu plus d’an. « Mon heure arrivera si les Espagnols le veulent », a-t-il poursuivi en réponse aux cris de « Presidente ! Presidente ! » (président du gouvernement) venus de la foule réunie au siège du PP, dans le centre de Madrid.

Podemos en net recul également

Premier ministre depuis 2018, M. Sanchez était confronté à de nombreux handicaps : l’usure du pouvoir, la reprise de l’inflation – même si elle est bien plus basse en Espagne que dans la plupart des autres pays de l’Union européenne – et la forte baisse du pouvoir d’achat qui en découle. Il a également dû faire face aux crises répétées secouant la coalition gouvernementale formée par les socialistes et le parti de gauche radicale Podemos. Selon les premiers résultats de différentes régions, Podemos semble également en très net recul.

Pedro Sanchez était d’autant plus sous pression que son parti avait beaucoup à perdre, puisque sur les 12 régions qui renouvelaient leur assemblée dimanche, les socialistes en dirigeaient 10 (en incluant une région dirigée par un parti régionaliste auquel ils sont alliés).

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Pour sa part, le PP, qui contrôlait les deux autres régions, dont celle de Madrid, est assuré de les conserver. Dans la capitale, la très droitière présidente de la région, Isabel Diaz Ayuso (PP), semble même en mesure de remporter la majorité absolue des sièges.

Le Monde avec AFP

Source: Le Monde