La Pologne n'exclut pas l'acquisition de sous-marins à propulsion nucléaire
Ces dernières années, la Pologne a significativement augmenté ses dépenses militaires afin de renforcer les capacités de ses forces terrestres et aériennes. Cependant, n’étant pas considérée comme prioritaire, la marine polonaise a dû se résoudre à mettre en sommeil son programme Orka, lancé dans les années 2010 afin d’acquérir deux ou trois nouveaux sous-marins. Et, à cette fin, trois industriels européens s’étaient mis sur les rangs, dont le français Naval Group [avec le Scorpène], l’allemand TKMS et le suèdois Kockums.
Depuis, les trois sous-marins de type Kobben que la marine polonaise exploitait jusqu’alors ont été désarmés sans être remplacés. Et elle ne dispose plus que de l’ORP Orel [classe Kilo], hérité de son passé soviétique.
Cela étant, la semaine passée, le ministre polonais de la Défense, Mariusz Błaszczak, a fait savoir que le programme Orka serait relancé dans le courant de cette année.
« Cette année, nous prévoyons de lancer une procédure visant à acquérir des sous-marins, avec un transfert des technologies nécessaires que nous souhaitons obtenir par le biais d’un compensations industrielles », a-t-il en effet déclaré, lors du « Defence24 Day ». « Le nombre de sous-marins, leurs capacités et leurs équipements seront révélés bientôt », a-t-il continué, précisant que ces navires devoir être en mesure de mener des missions de longue durée et avoir des « moyens de combat » à la fois importants et flexibles.
Il est fort probable que les candidats qui s’étaient précédemment déclarés pour le programme Orka soient de nouveau dans la partie. De même que les sud-coréens Hanwha Ocean et Hyundai Heavy Industries [qui produisent conjointement les sous-marins de type « Dosan Ahn Changho], l’espagnol Navantia [S-80], voire les japonais Mitsubishi Heavy Industrie et Kawasaki Shipbuilding Corporation [classe Sōryū].
Cela étant, le porte-parole de l’agence polonaise de l’armement, le lieutenant-colonel Krzysztof Płatek a tenu des propos de nature à remettre en cause ce pronostic. Interrogé par l’agence PAP, l’officier a d’abord expliqué en quoi l’achat de nouveaux sous-marins est nécessaire.
« Dans la mer Baltique, les sous-marins seront principalement utilisés pour sécuriser les voies de communications contre la menace des sous-marins ennemis et mener des activités défensives, en empêchant par exemple le débarquement d’une force amphibie. Mais ils pourront aussi mener des opérations offensives, en paralysant la liberté de mouvement des navires ennemis », a affirmé le lieutenant-colonel Platek. Ce qui n’est nullement surprenant…
En revanche, ce qui l’est davantage, c’est que la marine polonaise voudrait des sous-marins ayant une capacité océanique. Là, « nous parlons d’une capacité de frappe furtive n’importe où dans le monde, à tout moment, en utilisant des missiles de croisière », a dit le porte-parole de l’agence polonaise de l’armement. Et d’évoquer la possibilité de « chasser des navires ennemis dans des zones opérationnelles éloignées, de transporter des forces spéciales et de participer à des coopérations avec les alliés » de l’Otan, comme notamment l’escorte de flottilles, voire de groupes aéronavals.
Aussi, le modèle qui aura le plus de chances d’être retenu devra disposer d’une grande autonomie et pouvoir rester en immersion le plus longtemps possible. Ce que permettent les systèmes AIP [Atmospheric Air Propulsion] dont certains sous-marins conventionnels sont dotés. « Cependant, les solutions de propulsions nucléaire ne peuvent pas être exclues car elles offrent une pleine capacité océanique », a indiqué le lieutenant-colonel Platek. « Cette question sera ouverte et sera liée aux possibilités financières et aux exigences définies de la marine polonaise », a-t-il dit.
Pour le moment, six pays maîtrisent la technologie nucléaire pour la propulsion des sous-marins : la Russie, la Chine, l’Inde, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France. Évidemment, si une telle exigence est retenue, le nombre de candidats pour le programme Orka s’en trouvera drastiquement réduit…
Cela étant, cette référence à la propulsion nucléaire peut être vue comme un moyen de fixer le niveau d’ambition de la Pologne pour ses forces navales. Et ce n’est sans doute pas un hasard si M. Błaszczak a dit vouloir s’inspirer de l’appel d’offres lancés par l’Australie pour l’achat de sous-marins… Appel d’offres qui avait été remporté par Naval Group avec le Shortfin Barracuda, c’est à dire la version conventionnelle du sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] de type Suffren, avant de passer à la trappe avec le pacte AUKUS.
Source: Zone Militaire