À Strasbourg, les débuts difficiles du RER exaspèrent les usagers
Face à l’exaspération des élus, la SNCF a admis en janvier que «la complexité du projet avait été sous-estimée».
Strasbourg
Annoncé avec tambours et trompettes, le Réseau express métropolitain européen (Reme) de Strasbourg, mis en service le 11 décembre 2022, a connu un démarrage chaotique. Et les mouvements sociaux durant l’hiver n’ont rien arrangé. Cinq mois plus tard, avec seulement 600 trains de plus, on est loin des 814 TER supplémentaires prévus par semaine. Et il n’est plus question, ni à la SNCF, ni à la région Grand Est et à l’Eurométropole qui mettent 14,7 millions d’euros dans l’opération, des 1 072 trains envisagés pour fin août. Pire. Pour certains usagers, la situation s’est dégradée. «Sur la ligne Sélestat-Strasbourg, on a retiré deux trains aux heures de pointe, matin et soir, qui existaient depuis quatorze ans», déplore une habituée, en racontant sa galère quotidienne, «le manque d’informations en gare» et «ces TER pleins à craquer, qui prennent du retard à chaque arrêt…»«La SNCF n’a pas été au rendez-vous», déplore Alain Jund, vice-président écologiste de l’Eurométropole, en charge des mobilités.
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Un projet complexe
Il y a un an, alerté en amont par les syndicats de cheminots sur «le manque de matériel et de conducteurs», le président du conseil régional s’était inquiété de «la capacité de la SNCF à tenir les délais». L’objectif était de mettre en place des dessertes cadencées, de 5 h 30 à 22 h 30. Mais l’Eurométropole aurait poussé à la roue pour offrir une alternative aux propriétaires de voitures interdites au 1er janvier 2023.
Face à l’exaspération des élus qu’elle rencontre désormais tous les quinze jours, la SNCF a admis en janvier que «la complexité du projet avait été sous-estimée». «Le passage d’un service TER à un réseau express métropolitain implique une refonte complète du plan de transport», explique aujourd’hui l’opérateur qui, après des audits, a «tiré de nombreux enseignements de ce lancement». Reste la spécificité de la gare de Strasbourg qui, «en plus des TGV et des trains de fret, voit passer quotidiennement 150 TER de plus que celle de Lyon-Part-Dieu, et le double de celle de Bordeaux-Saint-Jean». Le nouveau centre opérationnel de gestion du trafic en gare devrait fluidifier le trafic.
«Dans la perspective de mobilités décarbonées, les Réseaux express métropolitains sont une bonne solution pour les grandes agglomérations», souligne Thibaud Philipps, vice-président (LR) du conseil régional en charge des transports. À condition d’«y aller par étapes et de définir les nouvelles grilles horaires, à partir des contraintes des territoires, en associant les usagers et les élus». Ce qu’il a commencé à faire…
«Il y a eu des améliorations», reconnaît François Giordani, président de la Fnaut Grand Est regroupant 43 associations d’usagers, qui insiste sur la nécessité de «retrouver la confiance des usagers, sinon cela sera une occasion ratée». «D’ici début juillet, nous visons une circulation de 3791 trains autour de Strasbourg, soit 640 trains ou 20% de plus par rapport à 2022», s’engage la SNCF, en sachant, comme la Région et l’Eurométropole, que «tout se jouera à la rentrée».
Source: Le Figaro