L’entreprise Bridor annonce l’abandon de son projet d’usine à Liffré, près de Rennes
Coup de théâtre dans le feuilleton de l’usine Bridor à Liffré (Ille-et-Vilaine). Dans un communiqué de presse, diffusé ce mardi 30 mai 2023, l’entreprise du groupe Le Duff annonce l’abandon de son projet d’usine de viennoiseries industrielles.
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« Avec regret pour la Bretagne et ses collaborateurs, Bridor ne peut pas attendre 10 ans pour construire une nouvelle usine, indique le groupe. La construction ne peut toujours pas démarrer au regard des recours engagés devant la justice. Une fois tous ces recours purgés, il faudrait compter deux années de construction pour ce type de site industriel. Ces travaux de construction ne pourraient donc vraisemblablement pas commencer avant 2026, amenant le démarrage du site au plus tôt en 2028. »
« Une échelle de temps incompatible avec la demande croissante de nos clients », estime l’entreprise.
Dans le viseur des défenseurs de l’environnement
Pointé du doigt notamment pour sa consommation en eau, le projet cristallisait depuis plusieurs années les oppositions entre tenants du développement économique et défenseurs de l’environnement. Des opposants qui multipliaient les recours, manifestations et actions. La dernière en date, samedi 22 avril, devant le siège du groupe Le Duff à Rennes.
Le site de production Bridor était prévu sur un terrain de 21 hectares, à Liffré. Les bâtiments couverts devaient faire un peu plus de 60 000 m2. La production devait nécessiter plus de 187 000 m³ d’eau par an. Le groupe communiquait, en 2019, sur 250 millions d’euros d’investissement et 500 emplois.
Vue du ciel. C’est dans les champs qui longent l’autoroute A84 que l’usine Bridor souhaitait s’implanter, dans la zone d’activités de Sévailles à Liffré (Ille-et-Vilaine). | MARC OLLIVIER/OUEST-FRANCE Voir en plein écran Vue du ciel. C’est dans les champs qui longent l’autoroute A84 que l’usine Bridor souhaitait s’implanter, dans la zone d’activités de Sévailles à Liffré (Ille-et-Vilaine). | MARC OLLIVIER/OUEST-FRANCE
« Cinq ans d’investissement, en temps et en argent, qui tombent à l’eau »
Comme elle le rappelle ce mardi matin, l’entreprise avait obtenu « les conclusions favorables de la Commission Nationale du Débat Public et toutes les autorisations administratives nécessaires (permis de construire, autorisation environnementale – ICPE1) ».
Ce mardi matin, Stéphane Piquet, le président de la communauté de communes où est situé Liffré, ne cache pas sa déception. « Ce sont cinq ans d’investissement, en temps et en argent, qui tombent à l’eau, déplore l’élu. Notre priorité est de recréer un nouveau projet. Nous allons travailler ardemment pour retrouver le moyen d’assurer tous les emplois nécessaires à notre bassin de vie. »
Satisfaction et soulagement
Les opposants au projet ont découvert l’information ce mardi matin. Un des riverains qui attaquait en justice Bridor n’en revient pas. « On l’espérait mais ça reste une incroyable surprise », confie à chaud le Liffréen. « C’est une victoire, pas la nôtre, mais une victoire face au non-sens écologique de ce projet. »
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Le collectif Colère, le Comité local pour l’environnement et la résilience écologique à Liffré-Cormier, qui s’est créé quand Bridor a présenté sa future usine, a été le premier à manifester dans la rue. « Cet abandon, on le voulait », confirme Philippe Rocher, ancien élu intercommunal, qui fait partie du collectif. « On pensait qu’il pourrait intervenir un peu plus tard, une fois que le tribunal aurait tenu audience sur l’autorisation environnementale qui était contestée. »
L’industriel jette l’éponge aujourd’hui. « Mais c’est dans le cadre d’une stratégie internationale, dessinée sur du long terme », considère Philippe Rocher. « Le groupe a acquis d’autres usines au Portugal, au Canada en 2022. Ça ne s’est pas improvisé en quelques mois. Ils disaient Liffré est notre priorité mais ils n’ont jamais arrêté de travailler à leur expansion dans une vision globale », considère l’opposant à ce projet liffréen.
Source: Ouest-France éditions locales
