Marseille : Benoît Payan devait-il chanter avec les South Winners samedi dernier au Vélodrome ?
Un maire de Marseille devrait-il faire ça ? C'est la question que se sont posés plusieurs observateurs de la vie politique depuis 48 h depuis que les images de Benoît Payan haranguant le virage sud du stade Vélodrome avant le match OM-Brest, samedi soir, ont fait le tour des réseaux sociaux. En bleu de chine, écharpe orange aux couleurs des South Winners (SW) autour du bras et micro en main, on le voit reprendre le chant Dans tous les stades on a chanté, entonnant approximativement les paroles dans un large sourire. Détail ou pas, la vidéo, diffusée par Rodolphe Tapie, petit-fils de l'ancien président de l'OM, a été vue près d'un million de fois.
Si personne ou presque n'avait trouvé à redire à la grande célébration organisée la veille à l'hôtel de ville pour fêter les 30 ans de la victoire en Ligue des champions, l'opposition de droite a vite repris de volée le maire (DVG) de Marseille pour ce nouveau dribble. "Hausse record de la taxe foncière, budget annulé par la justice, inaction totale face aux assassinats, crise du logement sans précédent... Benoît Payan à jamais le premier !", a tweeté le groupe Une Volonté pour Marseille. "Benoît Payan, quand on manque de légitimité, toutes les occasions sont bonnes pour parfaire sa popularité au risque de sombrer dans le ridicule... Ça, c'est fait ! Au grand désarroi des Marseillais malheureusement qui voient la ville sombrer chaque jour un peu plus", a critiqué le député (Renaissance) Lionel Royer-Perreaut, président du groupe municipal Ensemble pour les Marseillais.
"Ça ne me fait ni chaud ni froid, répond Benoît Payan. Je suis supporter de l'OM, que ça plaise à la droite ou pas. Qu'est-ce que j'ai fait ? Je suis allé en virage ? Oh la la, ironise-t-il. Je ne comprends pas bien ce qu'ils veulent..." L'édile, qui assure aller au stade "depuis que j'ai six ans", assume totalement : "J'y vais comme je veux, en costume ou avec une écharpe des SW autour du cou. Et comme je préfère voir un match en virage..."
Du côté de l'hôtel de Région, Renaud Muselier a observé l'intérêt poussé de Benoît Payan pour l'OM. Au point, pour le président (Renaissance) de la Région, d'apparaître beaucoup plus régulièrement, ces dernières semaines, en tribune présidentielle aux côtés de Pablo Longoria, lorsque les diffuseurs des matchs de Ligue 1 zooment sur le président du club olympien. Une façon de marquer son territoire.
Si certains fans de l'OM ont regretté cette politisation de leur club de coeur, d'autres ont en revanche salué cette proximité avec les fans. "On est quand même passé d'un hôtel de ville barricadé nuit et jour sous Gaudin à un maire qui met l'ambiance en virage. Quel crack", s'enflamme, sur Twitter, Rachid Zerrouki, professeur en Segpa, plus connu sous son pseudo de "Rachid l'instit".
Ce n'est pas un hasard si c'est devant les South Winners que Benoît Payan s'est retrouvé à chanter. Ce groupe de supporters historique, qui a fêté ses 35 ans en 2022, a déjà touché à la politique ; le plus récemment, en s'impliquant dans la campagne de Martine Vassal, candidate (LR) aux municipales en 2020. Et plus particulièrement dans les 2e-3e arrondissements, où l'emblématique figure des SW, Rachid Zeroual, s'était affiché aux côtés de la candidate LR Solange Biaggi. Candidate face à un certain... Benoît Payan (PS-Printemps marseillais). "Les South Winners m'ont invité et j'y suis allé, précise le maire de Marseille, repoussant l'idée de viser une clientèle électorale. Quand je suis avec les supporters de l'OM, ce n'est pas pour leur demander de voter pour moi aux élections." Précisons que dans les 15e-16e, les SW avaient également penché il y a trois ans pour Samia Ghali, à l'époque prétendante (DVG) au fauteuil de maire et aujourd'hui dans la majorité municipale.
Rachid Zeroual évoque la relation avec l'édile : "En donnant rendez-vous à tous les supporters vendredi soir devant le balcon de la mairie, avec un écran géant face à la Bonne Mère, Benoît Payan nous a surpris, une fois de plus. Pas besoin de vous expliquer ce qu'il avait fait pour nous face à Eyraud avec Samia Ghali (lorsque l'ex-président de l'OM avait demandé la dissolution des groupes de supporters après l'invasion de la commanderie le 30 janvier 2021, Ndlr). Là, je trouve qu'ils se préoccupent de leur ville, de leurs supporters et des associations. Même s'il y a des hauts et des bas, ça donne une bonne image de la ville." Même si, en privé, d'autres groupes de supporters grincent des dents face à cette relation entre Benoît Payan et les SW.
Samedi soir, Michèle Rubirola (EELV) était présente elle aussi au stade. Toute à sa joie de célébrer le titre de 1993, l'ancienne et éphémère maire de Marseille, qui a joué dans la section féminine de l'OM dans sa jeunesse, n'a pas mâché ses mots. En vraie supportrice : "Merci au fabuleux public qui tout au long du match a porté notre club de coeur. J'aurais aimé que nos joueurs mettent autant d'ardeur, de passion, de fougue à défendre les couleurs de notre ville. Ils n'ont pas été à la hauteur de l'amour que le public leur donne."
Source: La Provence