Sur la réforme des retraites, l’alliance de circonstance entre la gauche et le groupe LIOT

May 30, 2023
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Eric Coquerel, député La France Insoumise (LFI), après l’approbation du conseil constitutionnel sur la réforme controversée des retraites, à l’Assemblée nationale à Paris, le 14 avril 2023. LUDOVIC MARIN / AFP

C’est un drôle d’attelage qui continue à batailler contre la réforme des retraites voulue par Emmanuel Macron. Main dans la main, les députés du groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT) et ceux de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) tenteront, le 8 juin, de faire abroger le report de l’âge légal du départ en retraite à 64 ans, à l’occasion d’une proposition de loi déposée par les premiers. « Ce qui nous rassemble, c’est la défense de la démocratie, des libertés, même si nous ne défendons pas la même chose », justifie le député de La France insoumise (LFI) Eric Coquerel (Seine-Saint-Denis).

Mardi 23 mai, une réunion de coordination à l’initiative de la Nupes a été organisée. Y ont participé les deux « insoumis » Eric Coquerel et Mathilde Panot (Val-de-Marne), le socialiste Jérôme Guedj (Essonne), l’écologiste Sandrine Rousseau (Paris), le communiste Pierre Dharréville (Bouches-du-Rhône), le président du groupe LIOT, le centriste Bertrand Pancher (Meuse), et Charles de Courson (Marne), autre cheville ouvrière du groupe. « Nous avons identifié tous les sales coups que pourrait nous faire la majorité présidentielle, relate Jérôme Guedj. Il s’agissait de repérer la cartographie des risques et d’envisager les réponses à apporter. » L’après-8-juin est déjà dans les esprits. « S’il y a une obstruction, il est très possible que l’on dépose une motion de censure. Cela fait partie de nos discussions », relate Eric Coquerel.

Bertrand Pancher préfère relativiser cette proximité avec la Nupes, soucieux de préserver l’image transpartisane de son groupe. « On discute aussi avec [les élus Les Républicains]. Mais comme ce bloc est moins soudé, ça donne l’impression qu’on est plus avec la Nupes », modère l’élu centriste. Evoquer une « alliance » entre LIOT et la Nupes « est un terme inadapté qui relève de la propagande de la minorité présidentielle », renchérit Charles de Courson. Jérôme Guedj, qui fut l’ancien assistant parlementaire de Jean-Luc Mélenchon, compare cette coalition de circonstance au « front unique », une tactique théorisée par Léon Trotski, qui consistait à unir des ouvriers dans toute leur diversité pour lutter contre la bourgeoisie.

« Rapport d’estime »

Depuis des mois, LIOT, qui s’étend sur l’échiquier politique de la droite conservatrice aux socialistes, est devenu un point d’appui presque systématique pour la gauche. Le 20 mars, leur motion de censure, rejetée à neuf voix près, a été l’emblème de cette opposition parlementaire élargie que la gauche ne peut espérer porter en son seul nom. Le groupe LIOT permet de fédérer large, à l’heure où, à l’inverse, la Nupes est présentée comme un repoussoir par le camp présidentiel. D’un côté, LIOT profite du soutien de la gauche pour prendre la lumière médiatique, en occupant le devant de la scène ; de l’autre, la Nupes se sert du groupe centriste pour faire avancer ses combats.

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Source: Le Monde