" Sick of Myself " : Comment sa quête de célébrité pousse une artiste à se mettre en danger
L’héroïne de Sick of Myself de Kristoffer Brogli n’y va pas avec le dos de la cuillère quand il s’agit d’attirer l’attention. Elle se bourre d’un médicament qu’elle sait dangereux pour faire croire qu’elle est atteinte d’une maladie grave. Au point de se laisser aspirer dans une spirale de mensonges tandis qu’elle est progressivement défigurée par son mal qui fait d’elle une star des médias et des réseaux sociaux. « Il s’agissait de bousculer le spectateur pour le divertir », déclare le réalisateur norvégien.
Kristoffer Brogli ne ménage pas les effets très spéciaux pour montrer la métamorphose de son héroïne. Cette fable moderne qui fait penser à Sans filtre de Ruben Östlund, Palme d’or à Cannes en 2022. Signes des temps, Sick of Myself était projeté au Festival la même année dans la section Un certain regard.
Au cœur d’une relation toxique
La jeune femme est vraiment prête à tout pour damer le pion à son petit ami, star de l’art contemporain qui connaît la gloire en exposant des meubles et autres objets de décoration volés. Leur relation toxique sert de détonateur pour une suite de situations cruellement cocasses quand ils reçoivent des photographes dans leur appartement ou rivalisent d’apparitions dans les médias pour se faire remarquer.
« Ils sont aussi narcissiques l’un que l’autre ce qui rend leur vie commune impossible, précise Kristoffer Brogli. Ils réveillent leurs plus mauvaises tendances réciproques. » Chacun va plus loin dans son délire pour tirer la couverture et les choses ne peuvent évidemment que très mal tourner. « Les réseaux sociaux ont exacerbé ce type de comportements, insiste le réalisateur. J’ai un peu poussé le bouchon, mais je connais des gens qui leur ressemblent à Oslo. »
Tout pour exister
La peur d’être invisible dans un milieu artistique où tout le monde se regarde le nombril avant de le poster en photo sur les réseaux sociaux pousse l’héroïne à se mettre en danger. Tantôt fascinante ou effrayante dans ses changements physiques, la jeune femme n’inspire pas la sympathie. La solitude intense qui se dégage de son personnage (elle semble isolée même lorsqu’elle est entourée de soi-disant proches) finit par émouvoir. Avec son humour féroce qui n’épargne personne, Sick of Myself ne se révèle pas un film aimable mais c’est un beau moment de cinéma dérangeant dans ce qu’il montre d’une société où seul le paraître est considéré.
Source: 20 Minutes