Disneyland Paris : un millier de grévistes manifestent pour des augmentations de salaire
« Cast members, on est là ! », hurle ce mardi matin devant l’hôtel New Port Bay Club, à Disneyland Paris, en Seine-et-Marne, un millier de salariés en grève. Au balcon, quelques clients de l’établissement applaudissent. Pour leur troisième journée de mobilisation, après les mouvements sociaux des 10 et 23 mai derniers, des cast members [ndlr salariés] des parcs d’attractions, des hôtels et des restaurants du groupe américain sont à nouveau mobilisés contre l’inflation. Ils revendiquent une hausse de leur rémunération et de meilleures conditions de travail.
« C’est historique, un tel mouvement à Disneyland Paris ! L’initiative est partie de salariés qui ont fondé le collectif baptisé Mouvement anti-inflation (MAI). Les syndicats Unsa et CGT les ont rejoints pour les soutenir. Il y a tous les corps de métiers représentés, des salariés avec de l’ancienneté et énormément de jeunes et même des CDD. Hôtellerie, restauration, sécurité… Et pas uniquement les petites mains, il y a aussi des managers », assure Ahmed Masrour, représentant de l’Unsa.
Euro Disney SAS, qui possède et exploite le complexe de loisirs, emploie quelque 17 000 salariés dans le secteur du Val-d’Europe où le premier parc a ouvert en avril 1992.
Le mouvement a débuté il y a un mois et demi par une première mobilisation plutôt discrète. Par la suite, ils ont été rejoints par 200 personnes le 10 mai, puis 500 le 23 mai, toujours selon le Mouvement anti-inflation. Anthony Doux fait partie des instigateurs. Ce trentenaire travaille à l’atelier Animation depuis dix ans. « Au début, on se réunissait le soir, la nuit, avec quelques personnes de la maintenance. On était une quarantaine à se demander ce qu’on allait faire. Et, là, il paraît qu’on serait 1 200, n’en revient pas le salarié. Les syndicats n’arrivaient plus à discuter avec la direction. »
Disneyland Paris, le 30 mai 2023. Environ un millier de salariés ont manifesté au sein du parc Disneyland Paris pour réclamer une hausse de leur salaire afin de faire face à l'inflation.
Tenues de pirates, pancartes ironisant sur « la réalité du rêve Disneyland » et coup de sifflets ont animé les allées du parc depuis 9h30. Les grévistes ont même réussi à faire annuler la parade de 11 heures - et celle de 16h30 - sur Main Street. Ils ont aussi déambulé à Walt Disney Studios, encadrés par un dispositif de sécurité musclé - à la limite de l’agressivité - qui éloignait les visiteurs.
« La direction ne nous propose que des mesurettes. Nous souhaitons une augmentation de 200 euros net par mois et des horaires plus réguliers », résume Fabien, de la CGT. Les grévistes demandent aussi les dimanches payés double, le doublement des frais kilométriques et la fin des horaires adaptés mis en place après le Covid. « Avant on travaillait sept heures par jour. Maintenant, on peut faire dix heures certains jours et d’autres seulement quatre. Cela impacte nos vies de famille », se plaint un chef de partie dans un restaurant.
« Je travaille à Disneyland Paris depuis vingt-six ans. Je gagne 1 700 euros : je suis toujours à découvert. Avec mon loyer de 800 euros je n’arrive jamais à joindre les deux bouts et avec l’inflation c’est encore pire », abonde un quinquagénaire, le visage fatigué, employé à la plonge dans un restaurant.
Disneyland Paris, le 30 mai 2023. Environ un millier de salariés ont manifesté au sein du parc Disneyland Paris pour réclamer une hausse de leur salaire afin de faire face à l'inflation.
Une jeune cast member se décrit comme « épuisée ». « J’enchaîne parfois des journées jusqu’à 10h45 d’amplitude avec un jour de repos dans la semaine. Je reste debout avec la possibilité de ne m’asseoir qu’une heure et je répète les mêmes phrases 500 fois avec le sourire, se désole-t-elle. Tout ça en espérant que le salaire suive. Mais comment vivre avec un smic quand vous êtes seule avec un loyer, les courses, l’inflation, etc. ? »
La direction avance agir « pour maintenir le bien-être de ses salariés »
La direction, qui a recensé 950 grévistes, précise qu’à l’issue d’« une rencontre avec les syndicats avec qui elle maintient le dialogue, elle a proposé le versement d’une prime de 125 euros net, la possibilité de monétiser les jours de repos supplémentaires et la mensualisation d’une partie du 13e mois ». Elle ajoute « qu’au cours des douze derniers mois, les postes avec les coefficients les plus bas ont bénéficié d’une augmentation de 12% de leurs revenus. Après une une hausse de 5,5% en janvier 2023 pour plus de 82% des personnels ».
Source: Le Parisien