Suicide de Lindsay : la famille de l’adolescente harcelée demande des comptes au rectorat et à Facebook
« Si chacun avait fait son travail pour protéger Lindsay, elle serait vivante » : la famille de l’adolescente de 13 ans, qui s’est donné la mort après avoir été victime de harcèlement scolaire, a annoncé, jeudi 1er juin, avoir déposé plainte, notamment, contre le rectorat et Facebook.
Trois plaintes ont été déposées contre la direction du collège, l’académie de Lille et les policiers chargés de l’enquête pour « non-assistance à personne en péril », a détaillé l’avocat de la famille, Pierre Debuisson, lors d’une conférence de presse à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), où la collégienne, qui s’est suicidée le 12 mai, était scolarisée. Une quatrième vise le réseau social Facebook « complètement défaillant » selon l’avocat.
Quatre mineurs ont été mis en examen dans ce dossier pour « harcèlement scolaire ayant conduit au suicide », dans le cadre d’une information judiciaire, avait annoncé le 25 mai le procureur de Béthune. Une personne majeure a, elle, été mise en examen pour « menaces de mort ». Toutes ont été placées sous contrôle judiciaire.
« Si chacun avait fait son travail pour protéger Lindsay, elle serait vivante aujourd’hui », a insisté Me Debuisson. « Nous dénonçons cette inertie des pouvoirs publics qui semblent se foutre complètement du fait qu’une gamine de 13 ans se soit pendue et que des parents qui alertaient pendant des mois se soient retrouvés complètement abandonnés », a-t-il ajouté.
« Complètement lâchés »
« J’ai tout essayé, j’ai tout fait. On n’a pas été aidés, on a été lâchés, complètement. Aucun soutien, ni avant, ni pendant, ni après », a déclaré sa mère Betty. « Si on avait été aidés, si on avait été soutenus, je suis sûre que ma fille serait parmi nous. »
Contacté par l’Agence France-Presse (AFP), le rectorat de l’académie de Lille n’a pas souhaité faire de commentaire sur cette plainte le visant. Il avait annoncé la semaine dernière l’ouverture d’une enquête administrative, concédant que les services scolaires auraient pu « aller plus loin dans le suivi » de la jeune fille, dont le harcèlement était connu de l’établissement. L’adolescente, scolarisée en 4e au collège Bracke-Desrousseau de Vendin-le-Vieil, s’est donné la mort le 12 mai en soirée à son domicile, selon le rectorat.
« La maman a été reçue, Lindsay a été reçue par l’infirmière, par le CPE (conseiller principal d’éducation), par le principal » après le signalement du harcèlement, avait plaidé le 26 mai Jean-Roger Ribaud, directeur académique dans le Pas-de-Calais, lors d’une conférence de presse. « On a déclenché le protocole, cela a donné un conseil de discipline, ce conseil de discipline a permis d’exclure une des principales auteures de ce qui s’est passé », a-t-il ajouté. « Mais ça s’est avéré malheureusement insuffisant. »
Une cellule de soutien est mise en place depuis le 15 mai dans le collège et une marche blanche a été organisée le 24 mai en mémoire de la jeune fille.
« Toutes mes pensées pour Lindsay et ses proches alors que des attaques ignobles se poursuivent sur les réseaux sociaux », a tweeté mercredi le ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye. « Le harcèlement n’a pas sa place à l’école. »
Un dispositif de prévention du harcèlement scolaire, le programme de lutte contre le harcèlement à l’école (pHARe), expérimenté depuis 2019 dans les écoles élémentaires et les collèges de six académies, doit achever cette année sa généralisation. Selon le ministère, 91 % des collèges et 64 % des écoles sont déjà inscrits dans ce programme, auquel s’ajoutent d’autres mesures de lutte contre le harcèlement, comme les numéros d’aide d’urgence 30 20 (pour familles et victimes), et 30 18 (cyberharcèlement).
Le Monde avec AFP
Source: Le Monde