Italie : ce que l'on sait du naufrage d'un bateau sur le lac Majeur, au cours duquel deux espions italiens et un israélien sont morts

June 01, 2023
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Le bateau de tourisme circulait sur le lac du nord du pays dimanche, lorsque les conditions météorologiques se sont soudainement dégradées.

Un phénomène météo extrême, un rassemblement d'espions et un anniversaire qui tourne mal. Quatre personnes sont mortes, dimanche 28 mai, dans le naufrage d'un bateau de tourisme sur le lac Majeur, situé dans le sud des Alpes italiennes, à la frontière avec la Suisse.

Les victimes, dans un premier temps présentées dans la presse comme des touristes, s'avèrent être, pour trois d'entre elles, être liées à l'univers du renseignement. Alors que l'enquête sur les circonstances de la catastrophe n'en est qu'à ses prémices, franceinfo fait un point sur ce que l'on sait (et ce que l'on ignore encore) de ce naufrage.

Un naufrage intervenu après des vents violents

Le bateau de 16 mètres de long, le Goduria, circulait dimanche sur le lac Majeur, le deuxième plus grand lac d'Italie après le lac de Garde, lorsque les conditions météorologiques se sont soudainement dégradées en fin de journée. Alors que le navire se trouve au large de Lisanza, à l'extrémité sud du lac, la météo est soudainement devenue orageuse, avec un vent fort et de la pluie. Le bateau chavire, puis fait naufrage autour de 19 heures.

La relative proximité du rivage a permis à certains passagers de rejoindre la terre ferme en nageant sur près de 150 mètres. D'autres ont été secourus par des navires. Au total, quatre personnes sont mortes dans l'accident.

Quelques heures après le drame, Attilio Fontana, président de la région Lombardie, a évoqué un "tourbillon", à l'origine de la catastrophe. Une version depuis contestée par certains scientifiques. Un expert, interrogé par le média italien Varese news*, mentionne plutôt la piste de la survenue soudaine d'un "downburst", c'est-à-dire d'une rafale descendante pouvant être à l'origine de vents particulièrement destructeurs.

Des espions parmi les victimes

Le bateau transportait une vingtaine de personnes, 13 passagers israéliens et 8 Italiens, ainsi que le capitaine et sa compagne, décompte le média italien La Stampa*. La majorité des personnes à bord étaient âgées entre 20 et 50 ans, précise Le Corriere della Serra*.

Un temps présentés comme des touristes sur leur lieu de villégiature, les victimes s'avèrent avoir un profil plus complexe. L'une d'entre elles est Anna Bozhkova. Agée de 50 ans et de nationalité russe, il s'agit de l'épouse du propriétaire du bateau. On retrouve également deux espions italiens : Tiziana Barnobi et Claudio Alonzi, âgés respectivement 53 et 62 ans. La quatrième victime est Shimoni Ere, ancien membre du Mossad, l'agence de renseignement israélienne. Sa dépouille a été transférée en Israël mercredi. "Le Mossad a perdu un ami proche, un professionnel qui a consacré sa vie à la sécurité de l'Etat d'Israël pendant des décennies, même après sa retraite" a déclaré une source israélienne, selon le média italien Messaggero.

L'épave récupérée, le skipper mis en examen

Le procureur de la République de Busto Arsizio a ouvert une enquête après cet accident mortel. Claudio Carminati, skipper et propriétaire du bateau, a été mis en examen pour naufrage et homicide involontaire, rapporte La Stampa*.

Après plusieurs tentatives infructueuses durant trois jours, le navire, entièrement immergé dans le lac, a finalement pu être récupéré mercredi à l'aide de ballons gonflés à l'hélium, rapporte le média Wired*. Une avancée qui devrait aider les enquêteurs à éclaircir les circonstances de ce drame.

Les raisons de ce rassemblement d'agents restent inconnues

Les deux agents du renseignement italien "se trouvaient dans la région pour participer à une rencontre conviviale organisée à l'occasion de l'anniversaire d'un des participants", ont fait savoir les services de sécurité italiens dans un communiqué. Une version rapidement remise en question par la presse italienne et israélienne. Ce rassemblement ne serait-il pas motivé par des raisons professionnelles ? Le média Le Corriere della Serra évoque des réunions "d'échange de documents" qui se seraient tenues avant la sortie en bateau. Les Israéliens auraient raté leur vol retour et auraient alors décidé de prolonger leur escale de deux jours. L'occasion d'organiser cette sortie sur le navire. Mais où dormaient ces agents ? A en croire Varese news*, aucun hôtel du secteur ne semble avoir hébergé les personnes concernées par cette sortie en bateau.

Même si des zones d'ombre persistent autour des circonstances de ce rassemblement, les investigations du procureur ne porteront que sur les causes de l'incident. Le procureur devra tenter de comprendre pourquoi 23 passagers étaient présents sur ce bateau, alors que la capacité maximale était de 15 personnes, souligne la presse italienne. L'enquête devra également établir si la décision du skipper de continuer la balade, malgré les conditions météorologiques dégradées, respectait les règles de navigation.

* Les liens suivis d'un astérisque renvoient vers des contenus en italien.

Source: franceinfo