Automobile : la norme Euro 7 pourrait ne pas voir le jour
Ola Kallenius, PDG de Mercedès-Benz, Bruno Le Maire, ministre français de l'économie, et Volker Wissing, ministre allemand des transports, à Douvrin (Pas-de-Calais), le 30 mai 2023. FRANCK CRUSIAUX/REA
La norme Euro 7, destinée à limiter les émissions de polluants et de gaz à effet de serre des moteurs thermiques avant leur interdiction à l’horizon 2035, sera probablement beaucoup moins sévère que prévu. Voire ne sera pas.
Le bras de fer engagé entre la Commission européenne et les constructeurs automobiles est en train de tourner à leur avantage. Plusieurs pays, dont la France, ont fait savoir leur opposition au projet de réglementation, ce qui rend virtuellement impossible son adoption.
Bête noire de l’industrie automobile européenne, qui dénonce un alourdissement de ses coûts de production, la réglementation Euro 7, qui doit entrer en vigueur en juillet 2025, impose un dernier coup de collier destiné à améliorer les performances environnementales des moteurs à combustion interne alimentés avec des carburants fossiles qui ne pourront plus équiper les véhicules neufs à partir de 2035.
Attaques en règle
A cette date, ces derniers ne devront pas émettre le moindre gramme de CO 2 à l’échappement − ou, au moins, présenter un bilan carbone neutre −, ce qui impose de facto de généraliser les modèles 100 % électriques.
Présenté en novembre 2022, le projet élaboré par la Commission sous la houlette de Thierry Breton, commissaire au marché intérieur, impose une réduction de 35 % des émissions d’oxydes d’azote (NO x ) et de 13 % celles de particules fines. Ce durcissement oblige à équiper les véhicules de catalyseurs chauffés électriquement et de nouveaux systèmes de diagnostic embarqués.
De même, la prise en compte des émissions de particules devra intégrer les poussières émanant de l’usure des pneumatiques et des disques de frein. Enfin, les seuils fixés pour les émissions à l’échappement devront s’appliquer quelles que soient les conditions de conduite, même les moins favorables. « On nous demande de respecter les limites fixées par Euro 7 y compris dans le cas d’une voiture tractant une caravane et démarrant à froid pour monter au sommet du mont Ventoux », s’insurge l’un des dirigeants de Renault.
Alors que Thierry Breton assure avoir « trouvé le bon équilibre », la norme Euro 7 a fait ces dernières semaines l’objet d’attaques en règle de la part de plusieurs Etats. La France, jusqu’alors en retrait sur cette question, a pris la tête de la fronde. Le 11 mai, dans son plaidoyer en faveur de la « réindustrialisation », Emmanuel Macron a appelé l’Union européenne à observer une « pause réglementaire ». Le 22 mai un document de travail adopté par la France ainsi que sept autres pays hostiles au renforcement des normes environnementales (Italie, Roumanie, République tchèque, Slovaquie, Hongrie, Pologne, Bulgarie) a été rendu public.
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Source: Le Monde