Une solution "made in Provence" pour convertir sa voiture diesel en hybride

June 02, 2023
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Une Clio 3 diesel, un Kangoo, un Scenic, une Mégane, une Logan ou encore une Sandero du même type qui sur leur pare-brise portent une vignette Crit'Air 3 en raison de leur ancienneté et de leur niveau de pollution, voici les véhicules thermiques qui à compter de l'année prochaine seront susceptibles de devenir des hybrides rechargeables. Et du coup, d'être admis au coeur des villes dans une zone à faible émission (ZFE) parce que classés Crit'Air 1.

Cette transformation, qui en 2025 devrait aussi concerner des voitures particulières des marques Peugeot (206, 207, 307, 308, Partner), Citroën (Picasso, Berlingo, C3 et C4) et Ford (Fiesta) et peut-être d'autres encore, va devenir possible grâce à une innovation de la société Solution F dont le siège est à Venelles, dans le Pays d'Aix. Fondée en 1985 par Éric Chantriaux afin de concevoir des prototypes automobiles dont nombre serviront à la compétition, elle est depuis un an la filiale du groupe GCK que préside Éric Boudot. Sa vocation : accélérer la décarbonation des moyens de transport. Mais si le groupe français travaille sur des motorisations électriques et hydrogène via la pile à combustible notamment, Éric Boudot pense aussi que les moteurs existants, notamment ceux diesel, peuvent être convertis. D'où cet intérêt pour le "rétrofit" qui permet à GCK de convertir d'ores et déjà des autocars et des camions. Le rachat de Solution F a été finalisé dans ce but.

Mais dans les cartons de la boîte idées d'Éric Chantriaux, existait aussi Twin-E. Une solution technologique appuyée sur trois brevets à même de transformer un véhicule thermique en un hybride rechargeable. Éric Chantriaux en avait parlé à Renault, un accord avait même été signé, mais le constructeur a finalement renoncé. Endormie pendant dix ans, c'est cette solution qui refait surface. "C'est le moment. Nous avons un véhicule Citroën C3 converti qui atteste de la faisabilité", se réjouit Éric Boudot. Qui explique au ministre de l'Industrie Roland Lescure, venu spécialement visiter le siège-usine de Solution F à Venelles, que la conversion en hybride passe par une étape fondamentale : l'enlèvement de la boîte à vitesses du véhicule thermique pour la remplacer par un moteur électrique. Plus exactement, un "train épicycloïdal". Une pièce brevetée dont le ministre aura du mal à prononcer le nom, mais dont il a pu mesurer la capacité au volant de la petite C3.

Grâce à elle et au moteur électrique, ainsi qu'à l'ajout d'une batterie à la place de la roue de secours, la citadine se mue en un véhicule électrique et le restera durant 70 km. Une autonomie suffisante pour un coeur de ville qui ne veut plus des pots d'échappement. Bien sûr, la pédale d'embrayage a disparu et la voiture équipée du dispositif Twin-E se conduit à présent comme une automatique. Le passage de l'électrique au thermique et l'inverse, s'opérant via un boîtier électronique commandé par un simple bouton sur le tableau de bord. Enfin, la voiture dispose d'une prise et d'un câble de recharge à utiliser sur une borne ou chez soi.

Coût de la transformation : environ 7 500 euros. Mais l'État aidant, ce prix devrait chuter au moins de moitié, laisse entendre Roland Lescure (lire ci-dessous). "Et c'est là qu'est tout l'intérêt. Une voiture électrique coûte cher et ce n'est pas tout le monde qui peut s'en offrir une. Il faut aussi éviter de gaspiller l'existant et il y a un aspect personnel qui est l'attachement à un véhicule. D'où l'intérêt de cette solution", martèle Éric Boudot. Qui entend donc la produire, la commercialiser et faire assurer la transformation des véhicules via des réseaux de garagistes agréés.

Source: La Provence