Au Canada, une saison d’incendies hors norme
L’un des huit avions du Nouveau-Brunswick, la province voisine, largue un mélange d’eau et de produit ignifuge, sur un brasier, près du lac Barrington (Nouvelle-Ecosse, Canada), le 31 mai 2023. NOVA SCOTIA GOVERNMENT/AFP
La pluie, enfin. Vendredi 2 juin, des averses sporadiques ont apporté un répit bienvenu aux pompiers qui luttent depuis six jours, contre les incendies qui ravagent la Nouvelle-Ecosse, province de l’ouest du Canada. Mais quatre foyers, sur 16 feux encore actifs, restaient encore « hors de contrôle » ont déclaré les autorités.
« Des flammes atteignant 60 à 90 mètres, et un feu qui se lève et roule comme un train de marchandises », a témoigné un pompier déployé sur le plus grand incendie jamais répertorié dans la province. « Nous n’avons jamais rien vu de tel, c’est de l’inconnu pour tout monde », constatait lui aussi Eddie Nickerson, le préfet de la municipalité de Barrington, où le feu, qui s’étend désormais sur 18 000 hectares, s’est déclaré le 27 mai.
Par mesure de précaution, le centre local de commandement de la lutte anti-incendie du ministère a même dû déménager afin que les équipes d’urgence puissent continuer à travailler en toute sécurité. Un peu plus au nord, dans la banlieue de la capitale provinciale, Halifax (430 000 habitants), un autre feu d’envergure a commencé à être maîtrisé dans la journée de jeudi par les quelque 150 pompiers, cinq hélicoptères et l’avion bombardier d’eau déployés. Mais dans cette zone pavillonnaire dense construite au milieu des bois, il a laissé derrière lui plus de 200 maisons et chalets en cendres, et conduit à l’évacuation provisoire de quelque 16 500 résidents, sur les 22 000 déplacés dans toute la province. Aucun disparu ni aucun blessé n’ont cependant été signalés.
Tout le territoire s’est embrasé
L’appel à l’aide lancé mercredi par le premier ministre de la Nouvelle-Ecosse Tim Houston et le maire d’Halifax, Mike Savage a été rapidement suivi d’effet : le gouvernement fédéral a dépêché en urgence des membres des forces armées canadiennes, des spécialistes des incendies, des hélicoptères et des camions, tandis qu’une centaine de pompiers venus des Etats-unis mais aussi du Costa-Rica sont attendus ce week-end pour prêter main-forte aux équipes locales. « Onze bombardiers d’eau sont actuellement à l’œuvre, et six autres bombardiers sont en route depuis le Montana », s’est réjoui le premier ministre. Deux cents autres pompiers provenant d’Afrique du Sud pourraient eux, être dépêchés vers l’Alberta, toujours en proie aux brasiers, rejoignant ainsi les centaines de soldats du feu venus du monde entier, notamment d’Australie et de Nouvelle-Zélande déjà sur place.
Car depuis le début du printemps, c’est tout le territoire canadien qui s’est embrasé. L’Ouest d’abord avec l’Alberta début mai, dont les gigantesques foyers ont débordé vers les provinces voisines de la Colombie-Britannique, de la Saskatchewan, puis le Nord, vers les territoires du Nord-Ouest ; au cœur du pays, ensuite, avec le Manitoba et l’Ontario, et enfin depuis la semaine dernière, à l’est, sur le flanc atlantique du Canada, où les feux se sont déclarés dans les provinces maritimes du pays, Nouvelle-Ecosse et Nouveau-Brunswick.
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Source: Le Monde