Paris championne d’Europe des toilettes publiques, Lyon sur la deuxième marche du podium

June 02, 2023
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DécryptagesEN UN GRAPHIQUE – Parmi les dix villes d’Europe les mieux dotées en toilettes ouvertes au public, cinq sont françaises – découvrez les résultats dans les deux cents plus grandes villes européennes.

Qui n’a jamais expérimenté la nécessité de trouver des toilettes publiques, sans en avoir la possibilité ? Si vous êtes dans la capitale française, vous avez de la chance : elles sont gratuites et vous en croiserez près de sept au kilomètre carré. En revanche, si vous vous situez à Tilbourg, aux Pays-Bas, ou à Iasi, en Roumanie, vous n’en trouverez aucune.

Pour établir ce classement, nous avons recensé les villes européennes de plus de 200 000 habitants, de Londres à Northampton (Royaume-Uni) en passant par Lille (France), Brno (République tchèque) ou Genève (Suisse). Nous avons ensuite utilisé un site qui extrait les données issues d’OpenStreetMap et recense les toilettes publiques au sens large (435 sanisettes dans les rues de Paris, par exemple, mais aussi celles qui sont accessibles dans les bibliothèques publiques, les universités et autres lieux publics).

Cinq villes françaises dans le top 10 Ce graphique représente les 30 premières villes européennes qui disposent du plus grand nombre de toilettes publiques au kilomètre carré. Retrouvez la liste complète plus bas.

Ce classement, basé sur le nombre de WC au km2, a tendance à favoriser les cités les plus petites et denses. Sources : OpenStreetMap et Pee place

En reprenant le classement ci-dessous par pays, les 11 villes françaises de plus de 200 000 habitants émargent collectivement à 1,44 WC public par kilomètre carré, toujours en première place. Elles sont suivies des villes suisses (0,91), autrichiennes (0,8) et allemandes (0,38).

D’autres villes du monde, hors Europe, disposent de toilettes publiques dans des proportions diverses ; retenons les exemples américains de New York (0,28 toilette par kilomètre carré), de Montréal (0,18/km2), Vancouver (0,75/km2) ou de Mexico (0,07/km2). Tokyo, la capitale japonaise, dispose quant à elle de 1,05 WC par km2.

Un accès aux toilettes publiques qui s’est raréfié

Dans son ouvrage Toilettes publiques. Essai sur les commodités urbaines (Presses de Sciences Po, 210 pages, 16 euros), le sociologue Julien Damon retrace leur histoire. A Paris, on trouve en nombre jusqu’aux années 1960 « une multitude d’édifices sanitaires spécialisés, même sur les plus belles places et avenues », aussi car à l’époque tous les logements n’en sont pas équipés – en 1946, 80 % des logements français n’avaient pas de WC intérieurs (à Paris, les normes de construction sont plus strictes et imposent un WC par logement dès 1890).

Puis, en « un demi-siècle, leur nombre est divisé par quatre » ; ils sont remplacés en partie par des vespasiennes fermées ou en sous-sol ; au milieu des années 1970, il n’en reste plus qu’une centaine, contre plus de 1 300 en 1930.

Leur retour dans les années 1980 est dû à l’arrivée sur le marché d’une innovation : la sanisette automatique de JCDecaux, qui avait bien compris « la décrépitude de l’offre et la permanence des besoins », écrit M. Damon.

Aujourd’hui, de nombreuses villes françaises ont opté pour la gratuité afin d’offrir ce service au plus grand nombre : les sans-abri, auxquels on pense immédiatement, les touristes égarés, mais aussi les travailleurs et travailleuses mobiles, dont la proportion augmente dans la société moderne.

Cette gratuité a un coût pour les collectivités : « Onze millions d’euros par an, soit environ 5 euros par habitant » à Paris, précise Julien Damon, contre 2 millions à Lyon (soit 1,45 euro par habitant), 700 000 euros à Bordeaux (2,88 euros par habitant).

Source: Le Monde