Stellantis, Dassault… Ces entreprises aux écarts de salaire " abyssaux " entre PDG et salariés

April 27, 2023
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Il est le dirigeant français le mieux payé. En 2021, Carlos Tavares, PDG de Stellantis (Peugeot, Citroën, Fiat…) a vu sa rémunération annuelle atteindre les 66 millions d’euros, soit l’équivalent de 3 420 Smic. C’est 1 139 plus que le salarié moyen de son entreprise. Carlos Tavares n’a ainsi besoin que de 3 h 22 pour gagner autant qu’un salarié de Stellantis en un an.

L’équipementier automobile n’a pas pour autant la prime du plus grand écart de salaire, selon une étude publiée ce jeudi 27 avril 2023 par l’ONG Oxfam et portant sur les 100 plus grandes entreprises françaises cotées en Bourse.

Daniel Julien, le PDG de Teleperformance, leader mondial des centres d’appels, a gagné en 2021, 1 484 fois plus que le salarié moyen de la société. Le podium est complété par Bernard Chalès, dirigeant de Dassault systèmes, rémunéré 385 fois plus que la moyenne de l’entreprise éditrice de logiciels.

La rémunération des PDG augmente plus que celle de salariés

Le mouvement est général. Entre 2011 et 2021, « les 100 plus grosses entreprises françaises ont augmenté la rémunération de leur PDG de 66 %, tandis que celle des salariés n’a augmenté que de 21 % », constate Oxfam dans son rapport.

L’ONG a également étudié la part de richesse allouée aux salariés entre 2011 et 2021. Résultat ? Aujourd’hui, les PDG dans ces sociétés gagnent en moyenne 97 fois le salaire moyen de leurs employés contre 64 fois il y a dix ans.

Sur la même période, la part dédiée à la rémunération du travail dans la valeur ajoutée est passée de 61 % à 51 %, soit une baisse de 10 points. Selon les calculs d’Oxfam France, chaque salarié du CAC 40 aurait pu toucher un chèque de 10 000 € en moyenne l’an dernier si on avait continué à redistribuer les richesses créées de la même façon qu’il y a 12 ans.

Les inégalités femmes-hommes subsistent également : moins de 11 % des entreprises sont dirigées par des femmes et les femmes dirigeantes gagnent en moyenne 36 % de moins que les hommes.

Des rémunérations trop basées sur la Bourse

Comment expliquer ces écarts « abyssaux » ? Oxfam pointe une rémunération, décidée par des conseils d’administration où les salariés sont peu présents, voire absents, basée avant tout sur des critères financiers, « incitant les dirigeants à privilégier les intérêts des actionnaires à court terme plutôt que l’intérêt de long terme de l’entreprise ». En clair, plus l’action monte en Bourse, mieux le PDG est rémunéré et tant pis pour la prise en compte d’autres critères, comme l’urgence climatique ou l’impact social de l’entreprise.

Interrogé sur ces écarts de salaires, Emmanuel Macron, sur un marché de Dole, dans le Jura, s’est dit « choqué par ces énormes proportions. »

Oxfam France appelle ainsi à « réaligner la fiscalité du capital sur la fiscalité du travail, à réviser la conception des rémunérations des dirigeants en supprimant les critères boursiers et à renforcer la représentation des salariés au sein des conseils d’Administration, surveillance ou directoire ».

Surtout, Oxfam préconise d’imposer un écart de rémunération de 1 à 20 entre le salaire du dirigeant et le salaire moyen de l’entreprise. Rien d’impossible. Parmi les 100 entreprises étudiées par Oxfam, vingt affichent un écart inférieur ou égal à 20.

Source: Ouest-France