Sextape à Saint-Étienne : les confessions surréalistes de l'homme qui a filmé la vidéo

June 03, 2023
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Dans une interview sur BFMTV, Gilles Rossary-Lenglet affirme être à l'origine de l'enregistrement d'un élu stéphanois, filmé à son insu avec un escort boy, pour permettre à un autre élu de le faire chanter.

Chacune de ses phrases le rapproche un peu plus d'une condamnation pénale. Gilles Rossary-Lenglet risque gros et il le sait : il est mis en examen pour chantage et recel, dans l'affaire de chantage à la sextape qui n'en finit plus d'empoisonner la vie politique (et l'image) du conseil municipal de Saint-Étienne. Pourtant vendredi soir, l'homme qui affirme être l'auteur de la sextape filmée à l'insu de Gilles Artigues, ancien premier adjoint au maire de Saint-Étienne, a raconté en détail et avec une précision chirurgicale le rôle qu'il a joué dans cette histoire sordide.

On rembobine. En 2016, Gilles Artigues occupe donc l'une des fonctions les plus importantes au sein de la Ville de Saint-Étienne. Président de la section UDI de la Loire, il est connu comme un catholique revendiqué. Mais il encombre le maire et ses proches : une vidéo est tournée alors à son insu, lors d'une soirée au cours de laquelle Gilles Artigues aurait eu une relation avec un escort boy. L'existence de cette vidéo lui est révélée par un autre adjoint au maire de Saint-Étienne, Samy Kéfi-Jérôme, au domicile de ce dernier. Le chantage prend alors forme : Samy Kéfi-Jérôme menace de rendre publique la vidéo et exige des contreparties. Mais depuis l'affaire a été révélée et Samy Kéfi-Jérôme ainsi que Gaël Perdriau, soupçonné d'être complice du chantage, sont mis en examen.

Un troisième homme est poursuivi, soupçonné d'être le cerveau de l'opération - et le principal exécutant. Ce que Gilles Rossary-Lenglet, ancien compagnon de Samy Kéfi-Jérôme et ex-élu Modem, confirme donc sans sourciller. C'est lui déjà qui, en 2022, avait révélé le coup monté à Médiapart. Il expliquait vendredi soir sur le plateau de BFMTV avoir inventé cette machination de toutes pièces pour prendre Gilles Artigues au piège : «Je leur ai dit que vu que sa force politique est basée sur l'électorat catholique traditionnel, il fallait faire un kompromat, il fallait faire une vidéo intime.» Au journaliste qui lui demande de confirmer qu'il est bien à l'origine de cette idée, Gilles Rossary-Lenglet confirme : «absolument !»

Gilles Rossary-Lenglet explique encore que la caméra GoPro qu'il a installée dans la chambre d'hôtel où Gilles Artigues a passé une soirée avec un escort-boy est tombée rapidement en panne. Mais elle avait tourné suffisamment longtemps pour attester d'une relation entre les deux hommes, ce qui selon lui était suffisant pour le faire chanter. Gilles Rossary-Lenglet affirme qu'il a été «engagé» par Gaël Perdriau et Samy Kéfi-Jérôme pour monter ce chantage, et que le moyen de la sextape a été imaginé à la suite de rumeurs sur la vie intime de Gilles Artigues, plutôt que d'utiliser d'autres moyens de pression, notamment financiers. «Immédiatement j'ai donné le montant de cette prestation, 40.000 euros et 10.000 euros en nature, et il n'y a eu aucune discussion» explique Gilles Rossary-Lenglet, qui affirme également qu'il a exigé en contrepartie de sa «prestation» une garantie d'obtenir un emploi.

Aujourd'hui, Gilles Rossary-Lenglet entend s'exprimer en toute franchise dans les médias pour faire toute la lumière sur des agissements qu'il estime n'être pas si rares : «Désormais, j'ai aussi envie de faire œuvre utile, de raconter l'envers du décor, car je pense être le premier barbouze à parler», explique-t-il à L'Express .

Un autre volet de l'affaire concerne désormais des allégations quant à un possible détournement de fonds publics : Gilles Rossary-Lenglet explique qu'il a reçu les 40.000 euros de la mairie au moyen de deux subventions de 20.000 euros à des associations, qui lui ont ensuite retourné l'argent contre une fausse facture. Ces deux associations estiment que Gilles Rossary-Lenglet a travaillé pour elles ; et les deux autres mis en examen, Gaël Perdriau et Samy Kéfi-Jérôme, contestent sa version des faits.

Source: Le Figaro