Après Saint-Brevin, les maires unis pour dénoncer les violences " terroristes " qui les visent

June 03, 2023
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L’« affaire Saint-Brevin » continue de tourmenter les élus des petites communes. Les violences qu’a subies Yannick Morez, maire divers droite de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique), sont « de nature terroriste », a dénoncé André Laignel, vice-président de l’Association des maires de France, lors des assises de l’Association des petites villes de France, les 1er et 2 juin à Millau (Aveyron).

En proie depuis des mois à des agressions et à l’intimidation d’habitants, soutenus par l’extrême droite, M. Morez, qui portait le projet d’ouverture d’un centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA) sur sa commune, a fini par annoncer sa démission, le 10 mai, quelques semaines après l’incendie criminel de son domicile, provoquant une vague d’indignation nationale. Le caractère « terroriste » de ces violences, a précisé M. Laignel, vient de ce « qu’elles ont pour but de terroriser les maires et de les conduire à refuser l’humanité et la loi internationale qui fait que les réfugiés ont droit à un asile ».

Le maire socialiste d’Issoudun (Indre) a dénoncé un « phénomène nouveau » : des groupes organisés d’extrême droite qui « remettent en cause la démocratie locale ». Ce fut le cas à Saint-Brevin-les-Pins, même si l’Etat a confirmé récemment que le CADA ouvrirait malgré la démission du maire. A Callac (Côte-d’Armor), en revanche, la mobilisation organisée par Reconquête ! a eu raison du projet municipal d’accueil de réfugiés. A Bélâbre (Indre) ou Beyssenac (Corrèze), le même type d’opposition s’organise.

« Paratonnerres d’une société déstabilisée »

François Bayrou, édile MoDem de Pau et haut-commissaire au plan, présent à Millau, a constaté que « les maires sont devenus les paratonnerres d’une société déstabilisée, désaxée, et c’est sur eux que ça tombe ». Car « il n’y a plus la défense née du respect de la fonction ».

Tous les maires réunis par l’Association des petites villes de France à Millau avaient en tête les violences subies sur le terrain, les démissions records d’élus municipaux et le risque d’une hémorragie de candidats pour les prochaines échéances. Sur ce risque-ci, l’un des enjeux, a prévenu M. Bayrou, est « la sécurisation » de la situation des maires. « J’ai été profondément choqué par la sentence qui a frappé [Hubert] Falco », a-t-il témoigné.

L’ancien maire macroniste de Toulon a été condamné, le 14 avril, pour « recel de détournement de fonds publics » à trois ans d’emprisonnement avec sursis, à l’obligation de rembourser 55 000 euros et à une peine d’inéligibilité de cinq ans. M. Falco avait en effet continué à déjeuner gratuitement durant des années au conseil départemental, alors qu’il n’en était plus président depuis plus de dix ans. Il avait également profité de repas à domicile et de frais de pressing. « Certes, il avait mangé à la cantine, s’est insurgé M. Bayrou, même souvent… Qu’on lui donne une amende, très bien. Mais qu’on le déchoie de tous ses mandats à la minute, sans possibilité de faire appel, c’est une condamnation à mort. » Dans les faits, Hubert Falco a bien fait appel de sa condamnation, mais reste inéligible d’ici là.

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Source: Le Monde