Paris s’apprête à voter sur son plan d’urbanisme anti-réchauffement climatique : ce qui va changer

June 03, 2023
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Devant un mur végétalisé rue d’Aboukir, à Paris, le 13 juillet 2019. ALAIN JOCARD / AFP

Lorsqu’elle gagne Paris en 2001, la gauche a une priorité : doter la capitale de nouvelles règles d’urbanisme pour y construire davantage de logements, et surtout des logements accessibles à tous. Le nouveau plan local d’urbanisme (PLU) adopté en 2006 avait pour ambition d’introduire de la mixité sociale à l’ouest, c’est-à-dire ailleurs que dans les quartiers populaires. Un peu moins de vingt ans plus tard, le rééquilibrage attendu n’est pas aussi net qu’espéré, mais la ville, qui a produit près de 115 000 appartements sur la période, est passée de 13 % à 25 % de logements sociaux, seuil franchi tout récemment.

Au lendemain de sa réélection au printemps 2020, la maire socialiste Anne Hidalgo annonce une nouvelle révision en profondeur des règles de construction et d’urbanisme. La volonté de loger les Parisiens à prix abordable demeure, mais cette fois l’urgence est ailleurs : il s’agit d’accélérer l’adaptation de la capitale au réchauffement climatique, et de faire en sorte que la ville qui a donné son nom aux accords de Paris soit neutre en carbone en 2050. Le futur PLU serait donc « bioclimatique », et la capitale l’une des premières villes « au monde » à s’armer d’un tel outil, assure la majorité.

Au terme de trois années de discussions et négociations, le document qui doit façonner le Paris des trente à quarante prochaines années est présenté, lundi 5 juin, au Conseil de Paris. L’étape est majeure. La rédaction d’une loi urbaine est aussi « l’expression d’une vision », rappelle Anne Hidalgo. Si au terme de cette journée de débats, le texte est approuvé, les 3 000 pages de projet de règlement et de cartes passent alors entre les mains de l’Etat. S’ensuit une longue phase d’enquête publique, durant laquelle chacun pourra donner son avis. Si les innovations juridiques, il y en a toujours avec les PLU parisiens, passent le filtre du contrôle de légalité, le vote définitif pourrait intervenir fin 2024, ou début 2025.

300 hectares supplémentaires d’espaces verts

Tout le programme est dans le titre ; le prochain PLU doit répondre à l’urgence environnementale. Paris, historiquement minérale, doit verdir à tout prix. « La végétalisation de la ville doit changer d’échelle », insiste la maire. Quand l’Organisation mondiale de la santé recommande une douzaine de mètres carrés d’espaces verts de proximité par habitant en ville, les Parisiens n’en disposent que de 5,8 (hors bois). Source de bien-être, les arbres sont aussi de puissants climatiseurs.

Les arbres du Jardin des Tuileries, à Paris, en octobre 2018. PHILIPPE LOPEZ / AFP

La majorité réunie – les socialistes, les écologistes et les communistes – promet 300 hectares supplémentaires d’espaces verts dans les deux décennies à venir. L’effort est considérable. Entre 2014 et 2020, seuls 30 hectares ont été créés. Soixante-dix hectares, soit l’équivalent de dix grands parcs, sont déjà programmés, notamment dans le Nord-Est (Chapelle-Charbon, les Messageries, porte de la Villette, Bercy-Charenton), mais aussi sur une partie de l’héliport du 15e. Quatre-vingt-dix hectares de terrains privés sont protégés. La ville a aussi repéré des parcelles sur lesquelles elle veut aménager des parcs, comme elle l’a fait dans le 11e avec le jardin Truillot, en lieu et place d’un parking. En parallèle, elle démarche les institutions pour qu’elles ouvrent leurs grilles. C’est déjà le cas du jardin Catherine-Labouré, dans le 7e arrondissement, propriété des Filles de la Charité. Cela le sera bientôt avec l’Institut national des jeunes aveugles, en face de l’hôpital Necker. La Ville discute des jardins du Val-de-Grâce avec l’Etat.

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Source: Le Monde