ENTRETIEN. Yaël Braun-Pivet : " Le procès qui m’est fait sur le RN est absolument ridicule "

June 03, 2023
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Yaël Braun-Pivet, élue députée Renaissance de la 5e circonscription des Yvelines en 2017, éphémère ministre des Outre-Mer dans le premier gouvernement Borne, a pris la présidence de l’Assemblée nationale le 28 juin 2022. Première femme présidente de l’Assemblée, elle doit aussi composer avec un hémicycle fragmenté (dix groupes politiques différents) et chahuteur, sans majorité absolue.

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Vous êtes la première femme à présider l’Assemblée nationale, qui plus est dans un contexte politique totalement inédit de majorité relative…

Yaël Braun-Pivet : J’ai été étonnée de la résonance que cela a. Dans la rue, lorsque je me déplace dans les écoles, quand je fais des réunions publiques, beaucoup de femmes viennent me voir. Le symbole d’une femme à la présidence de l’Assemblée nationale est très fort pour les Français. Je ne m’y attendais pas du tout, et cela implique une grande responsabilité de ma part. J’ai une ardente obligation de réussir. Pour que la porte reste ouverte à d’autres femmes, à des jeunes filles qui peuvent ainsi se projeter dans des hautes fonctions.

Que vous disent les femmes que vous croisez ?

Qu’il était temps que l’Assemblée ait une présidente. « Pourquoi cela a mis autant de temps, pourquoi a-t-il fallu attendre 2022 pour que cela arrive ? », se demandent aussi les enfants que je rencontre. Pour eux, l’égalité est une évidence. D’autres femmes font le lien avec ma vie de famille et me disent : « Vous montrez qu’il est possible d’arriver aux plus hautes responsabilités tout en conciliant la vie personnelle et la vie de maman ».

Le procès qui m’est fait sur le RN est absolument ridicule.

Comment avez-vous le sentiment d’être perçue par vos collègues députés ?

Je pense qu’ils ont la conviction de la sincérité de mon engagement Cette sincérité me guide en politique. Je suis une femme libre. Les décisions que je prends le sont pour le bien de l’institution.

Cette « sincérité » au service de l’institution vous a été reprochée – y compris par votre camp – lorsque le RN a accédé à des vice-présidences ou à la présidence de groupes d’études…

Par définition, mon rôle est d’être impartiale. Je ne peux pas favoriser tel ou tel camp.

Faut-il instaurer une dose de proportionnelle aux élections législatives comme le suggère Yaël Braun-Pivet ? Débattez !

Vos propos, qualifiant Sébastien Chenu “d’excellent vice-président” font polémique. Le comprenez-vous ?

J’avoue que ça m’interpelle. Ces mots ont été publiés il y a plusieurs mois dans un portrait consacré à Sébastien Chenu. Je ne comprends pas bien pourquoi cela ressort aujourd’hui. Présider une Assemblée nationale tumultueuse n’est pas chose facile. Celui ou celle qui est au perchoir n’a pas d’étiquette, il doit se hisser à hauteur de la fonction. Tous mes vice-présidents le font de façon remarquable. C’est vrai aussi de Caroline Fiat (LFI), Valérie Rabault (PS), Naïma Moutchou (Horizons), Élodie Jacquier-Laforge (MoDem) et Hélène Laporte (RN)… Je n’ai que des éloges à leur égard. Le procès qui m’est fait est absolument ridicule.

Quand il y a des invectives ou des insultes, je sanctionne. J’ai demandé à mes vice-présidents d’en faire de même.

On vous a qualifiée de « maîtresse d’école » après avoir prononcé des sanctions à l’encontre de députés pendant les débats sur les retraites. Ça vous a blessée ?

Ce n’est pas mon quotidien heureusement et c’est le fait de quelques-uns uniquement. Renvoyer une femme...

Source: Ouest-France