Top 14 : vainqueur du derby parisien, le Racing 92 franchit les barrages et file en demi-finale

June 03, 2023
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Gaël Fickou a inscrit l’essai vainqueur, samedi 3 juin, lors de la victoire du Racing 92 face au Stade francais à Paris. FRANCK FIFE / AFP

A moins de cent jours de la Coupe du monde de rugby en France, l’air raréfié des matchs couperets est de retour à Paris. Un barrage de Top 14 entre le Stade français et le Racing 92 n’a, certes, pas le même éclat que le choc inaugural prévu entre France et Nouvelle-Zélande début septembre. Mais un derby entre deux équipes séparées par quelques kilomètres et un petit point au classement de la saison régulière, pour une place en demi-finale, avait tout pour donner, samedi 3 juin, une saveur particulière la rencontre.

Malgré le soleil et les conditions parfaites, le Racing 92 a triomphé sur la pelouse de ses voisins au terme d’un match rugueux et aux trop rares envolées offensives (33-20).

Les quelques retardataires dans les tribunes du stade Jean-Bouin auront raté le premier tournant du match. Après cinq minutes de jeu, le rugueux et souvent indiscipliné troisième ligne argentin du Stade français, Marcos Kremer, écopait d’un carton rouge d’une implacable logique, pour avoir déblayé l’ouvreur francilien Finn Russell directement à la tête.

Après la rencontre, l’entraîneur parisien, Gonzalo Quesada, a exprimé sa « déception de ne pas savoir ce qu’il se serait passé si on avait joué plus de temps à quinze contre quinze ». Loin d’accabler son compatriote pour son expulsion, le technicien argentin a exposé, ému, au micro du diffuseur Canal+ qu’il « voulait qu’on gagne pour Marcos Kremer, il ne méritait pas ça ».

L’ancien du Stade français, Fickou, offre la victoire au Racing

La sanction infligée par l’attaque du Racing, désormais en supériorité numérique, a été immédiate. Après un joli mouvement du jeune Français Donovan Taofifenua à travers le terrain, interrompu à quelques centimètres de l’en-but, l’ailier francilien Juan Imhoff s’emparait du ballon dans le ruck pour l’aplatir derrière la ligne. Dix minutes plus tard, les « racingmen » inscrivaient un deuxième essai, et semblaient alors définitivement lancés vers les demi-finales.

Mais l’air raréfié des matchs à élimination directe a des vertus stupéfiantes. Et le Stade français est parvenu à maintenir la tête hors de l’eau, s’appuyant comme tout au long de la saison sur la puissance de ses avants. Après un essai de leur troisième ligne Sekou Macalou, les Parisiens ont établi leur campement à cinq mètres de la ligne du Racing. Une demi-douzaine de mêlées et deux cartons jaunes franciliens plus tard, Jean-Bouin exultait en voyant l’arbitre accorder un essai de pénalité. 17 partout : à un de moins, les hommes en rose avaient parfaitement géré leur première période.

Retrouvant de l’air en mêlée après la pause, les hommes de Laurent Travers se sont ménagé une petite avance en profitant des fautes du Stade français. Soit tétanisées par l’enjeu, soit inspirées par Roland-Garros, à quelques encablures de là, les deux équipes ont multiplié les coups de pied d’un camp à l’autre. Et Jean-Bouin a failli chavirer de bonheur en voyant Morgan Parra filer vers l’essai et la victoire, à cinq minutes de la sirène, mais le demi de mêlée vétéran a été repris. Les Parisiens ont été punis en toute fin de match, à la suite d’un cafouillage en attaque à cinq mètres de leur propre ligne, par un essai opportuniste de l’ancien du club, Gaël Fickou, scellant la victoire du Racing.

Les Ciel et Blanc ne réussissent pas aux Parisiens. Déjà vainqueur du barrage face à ses voisins en 2021, le Racing est venu s’imposer pour la sixième fois d’affilée sur la pelouse de Jean-Bouin.

Parra, Quesada… une page se tourne à Paris

Pour le Stade français, cette défaite marque la fin d’un cycle. Deux membres de son staff, dont l’entraîneur Gonzalo Quesada, architecte du dernier titre parisien de 2015, vont quitter le club. L’Argentin sera remplacé après la Coupe du monde par Karim Ghezal et Laurent Labit, en provenance du XV de France. Le coach des avants parisiens, Laurent Sempéré, qui a fait des merveilles cette saison, fera, lui, le chemin inverse.

Pour le rugby français, aussi, une page se tourne : cette défaite a acté le dernier match professionnel du demi de mêlée Morgan Parra, 71 matchs avec le XV de France. Et l’entrée sur la pelouse, autour de l’heure de jeu, de cette figure de l’ovalie tricolore a été très bruyamment saluée par le stade.

Après la rencontre, Gonzalo Quesada a affiché sa satisfaction après une saison délicate. « Début octobre, pas beaucoup auraient parié que je serais là devant vous, après un match de barrage », a résumé le technicien argentin, qui avait appris dès octobre qu’il ne serait pas conservé à l’issue de la saison.

Vainqueur et qualifié pour les demi-finales, le Racing 92 va mettre le cap plein sud-ouest. Il affrontera, dans six jours seulement, le Stade toulousain sur la pelouse du stade d’Anoeta de Saint-Sébastien, au Pays basque espagnol. Une armada d’internationaux français qui a terminé à la première place de la saison régulière. « Si j’avais la recette pour battre Toulouse, je ne la donnerais pas, a souri après le match, l’entraîneur et futur président du Racing, Laurent Travers. C’est une marche bien plus haute, j’espère qu’on l’enjambera sans trop s’entraver. » Après avoir défait leurs voisins, ses hommes s’attellent à un défi majeur, pour espérer revenir en Ile-de-France disputer la finale.

Source: Le Monde