À Brest, les trésors de Paco Rabanne s’arrachent à prix d’or
Deux cents chaises ont été installées dans une salle des Capucins, à Brest, mais beaucoup de curieux et d’acheteurs restent debout. Ce samedi 3 juin, c’est un peu de l’intimité du couturier Paco Rabanne qui est vendue aux enchères. Trois cents lots sont proposés à la vente. Des babioles, du mobilier et des dessins mais aussi quelques pièces exceptionnelles dont une des robes en métal imaginées par le couturier?, pièce maîtresse de la vente, adjugée 29 000 € à un acheteur dans la salle. Parmi ces lots d’exception, figure également le Dé d’or, comme un Oscar de la couture que Paco Rabanne, disparu en février dernier, avait reçu en 1990. « Ce type d’objet ne finit jamais dans une salle des ventes mais plutôt dans une fondation ou un musée », prévient Me Cosquéric, qui mène la vente avec Tiphaine Le Grignou. Le commissaire-priseur s’y entend pour chauffer la salle et il fait le show pour tous les curieux qui assistent parfois à leur première vente aux enchères. ?Estelle est de ces novices. « Je suis venue par curiosité et je ne suis pas déçue. Même si je n’achète rien, la vente est pleine de suspense. Les prix montent parfois à toute vitesse et c’est impressionnant, jusqu’au coup de marteau qui fait tomber la pression. »
La vente aux enchères des objets de la maison bretonne de Paco Rabanne a rassemblé plus de curieux que d’acheteurs, ce 3 juin, aux Capucins, à Brest. (Le Télégramme/Valérie Gozdik)
Un échauffement sur des petits lots
Les premiers lots font office d’échauffement. Œuvres d’artistes haïtiens, bibelots partent rapidement. Les acheteurs sont dans la salle, certains suivent la vente au téléphone, d’autres sont connectés sur un site d’adjudication mais tous enchérissent en direct. Les commissaires-priseurs signalent systématiquement l’origine des vendeurs. Et il faut avouer que Me Cosquéric a un petit faible pour la salle. Quand un acheteur en ligne va décrocher une vente, il invite l’assistance à se positionner vite, même avec une petite surenchère de 10 €. Karine est venue en voisine, avec sa fille Hortense. Elle non plus n’est pas familière des ventes aux enchères mais elle a acheté un petit ensemble de médailles et de pierres pour une centaine d’euros. « Ma mère était couturière et Paco Rabanne fait partie de mon univers depuis que je suis petite. Ma fille l’a même cité dans un de ses devoirs du bac. » Guy est venu pour se faire plaisir et il repart avec une sculpture en bronze, un nu couché, signé Paco Rabanne. « C’est un artiste marquant de la haute couture française et je suis très heureux d’avoir acheté une de ses œuvres originales. »
La boule de cristal du couturier visionnaire
Car au-delà des souvenirs et des bibelots, plus la vente avance, plus les prix grimpent. Dessins originaux et toiles peintes par le couturier font grimper les enchères. Plus anecdotique mais hautement symbolique, une boule de cristal de Baccarat est vendue 1 050 €. « Vous vous rendez compte, s’émeut le commissaire-priseur, c’est la boule de cristal de Paco Rabanne, tout de même. » L’histoire ne dit pas si c’est dans cette boule que le couturier avait vu l’apocalypse qu’il avait annoncée pour le 11 août 1999, à l’occasion de l’éclipse de Soleil.
Source: Le Télégramme