En Turquie, Recep Tayyip Erdogan a prêté serment pour son troisième mandat

June 03, 2023
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Le président turc Recep Tayyip Erdogan assiste à la cérémonie de prestation de serment des députés de la 28ᵉ législature à la Grande Assemblée nationale turque à Ankara, en Turquie, le 2 juin. Il a prêté serment pour son troisième mandat, samedi 3 juin. ADEM ALTAN / AFP

Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis vingt ans, a entamé samedi 3 juin son troisième mandat de président sous une pluie violente qui s’est abattue sur Ankara. Le chef de l’Etat de 69 ans, réélu le 28 mai avec 52 % des suffrages, a prêté serment devant le Parlement pour un nouveau mandat de cinq ans et promis « d’assumer son devoir avec impartialité ».

Il devait ensuite se recueillir au mausolée du fondateur de la République, Mustafa Kemal Atatürk, avant des cérémonies protocolaires au palais présidentiel et un grand dîner le soir, après lequel il annoncera la composition de son gouvernement.

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« En qualité de président, je jure de protéger l’existence et l’indépendance de l’Etat, l’intégrité de la patrie, la souveraineté inconditionnelle de la nation, l’Etat de droit [et] le principe d’une république laïque » telle que conçue par Atatürk, le « père des Turcs », a déclaré le président connu pour la défense de positions islamo-conservatrices.

La nomination des ministres très attendue

La liste des ministres qui sera annoncée dans la soirée, après les festivités, doit donner une idée des orientations retenues par le chef de l’Etat pour redresser l’économie en crise. Pour cette tâche ardue, le nom d’un expert reconnu, Mehmet Simsek, circule avec insistance depuis plusieurs jours.

Ancien ministre des finances (2009-2015) puis vice-premier ministre chargé de l’économie (jusqu’en 2018), M. Simsek, 56 ans, ancien économiste à la banque américaine Merrill Lynch, serait chargé de rétablir un peu d’orthodoxie afin de ramener la confiance des investisseurs.

Outre une inflation à plus de 40 %, encouragée par la baisse régulière des taux d’intérêt, la monnaie nationale était en chute libre à plus de 20,88 livres turques pour un dollar vendredi (22,5 pour un euro) malgré des milliards de dollars engloutis durant la campagne pour en retarder le naufrage.

L’entrée de la Suède dans l’OTAN

Autre dossier brûlant, l’entrée de la Suède dans l’Alliance atlantique, barrée depuis treize mois par un veto turc. Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg – présent à l’investiture samedi –, aimerait y parvenir avant un sommet de l’Organisation à Vilnius prévu en juillet. « Message limpide à nos amis suédois ! Respectez vos engagements (…) et prenez des mesures concrètes dans la lutte contre le terrorisme. Le reste suivra », a tweeté jeudi soir l’actuel ministre des affaires étrangères, Mevlüt Çavusoglu.

Malgré une Constitution amendée et une nouvelle loi contre le terrorisme, Ankara reproche toujours à la Suède d’abriter des réfugiés kurdes qu’il qualifie de « terroristes ». Stockholm a d’ailleurs autorisé une manifestation dimanche sur le thème « Non à l’OTAN, pas de lois Erdogan en Suède », organisée notamment par des associations de soutien aux groupes armés kurdes en Syrie.

Plus d’une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement et quarante-cinq ministres étrangers devraient assister aux cérémonies qui s’achèveront par une réception au gigantesque palais présidentiel bâti par le chef de l’Etat sur une colline à l’écart du centre de la capitale.

Présence des alliés habituels

Parmi la foule des alliés traditionnels, le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, prendra place au côté du président d’Azerbaïdjan, Ilham Aliev, et les premiers ministres de Hongrie, Viktor Orban, et du Qatar, Mohammed Ben Abderrahmane Al Thani, qui furent parmi les premiers à le féliciter pour sa réélection.

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L’Arménie et la Turquie n’ont jamais officiellement établi de relations diplomatiques et leur frontière commune est fermée depuis les années 1990, mais un rapprochement a été amorcé depuis le début 2022, en dépit du soutien affiché d’Ankara à Bakou sur la question du Haut-Karabakh qui oppose Erevan à l’Azerbaïdjan.

M. Erdogan, contraint pour la première fois à un deuxième tour, a obtenu 52,18 % des votes contre 47,82 % à son opposant, le social-démocrate Kemal Kiliçdaroglu, selon les résultats officiels publiés jeudi, au terme d’une campagne amère qui laisse le pays polarisé entre les deux camps.

Le Parlement, élu le 14 mai en même temps que se tenait le premier tour de la présidentielle, a pris pour sa part ses quartiers vendredi à Ankara : le parti AKP du président et ses alliés y détiennent la majorité des 600 sièges.

Le Monde avec AFP

Source: Le Monde