VIDEO. Petite, électrique, légère… A quoi devrait ressembler la voiture de demain ?

June 04, 2023
252 views

Le documentaire "Automobile, la fin d'une ère ?" est diffusé dimanche 4 juin à 20h55 sur France 5. Le film décrypte le tournant pris par l'industrie automobile européenne afin de s'adapter au réchauffement climatique.

"La voiture de demain, c'est une voiture qui est petite, qui est accessible et qui est partagée, donc il faut tout réorienter." C'est ainsi que la députée européenne écologiste française Karima Delli, membre de la commission transports au Parlement européen, imagine l'automobile dans un futur de plus en plus proche. Un véhicule dont le moteur sera désormais tout électrique et non thermique pour répondre à la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre, moteurs du réchauffement climatique. Un défi pour les constructeurs européens, contraints de se réinventer afin de se plier aux exigences du Parlement européen qui a voté, le 14 février, un projet de réglementation interdisant la vente de voitures neuves à moteur thermique à partir de 2035.

Un virage écologique qui s'appuie sur les rapports du Giec, le groupe intergouvernemental d'experts sur le climat, et qui nécessite de repenser de facto la voiture de demain. Le documentaire Automobile, la fin d'une ère ?, réalisé par Thomas Lafarge et diffusé dimanche 4 juin à 20h55 sur France 5, s'intéresse au bien-fondé de cette révolution électrique. Il revient sur l'histoire de la voiture, ce moyen de locomotion devenu si prisé, sur les raisons du retard des fabricants européens sur l'électrification de leurs véhicules, sur les conséquences économiques de ces changements et sur la physionomie des modèles à venir.

Un objet de désir devenu coupable

C'est au début du XXe siècle que l'expansion effrénée de l'automobile révolutionne l'économie des pays constructeurs et transforme profondément les sociétés. La bonne santé de la filière automobile devient le symbole de la vigueur de l'économie française. Objet de désir pour les consommateurs, la voiture atteint son apogée dans les années 1970, jusqu'au premier choc pétrolier. Synonyme de liberté, elle devient indispensable au quotidien et se dote d'avancées technologiques toujours plus pointues.

A partir des années 1990, le ton commence à changer, raconte le documentaire. Pollution, gaz à effet de serre, réchauffement climatique… L'automobile est remise en cause, coupable d'une pollution avérée. Des seuils d'émissions sont fixés au niveau européen dès 1998, obligeant l'industrie à changer sa stratégie, mais les efforts des constructeurs s'avèrent insuffisants au regard d'un changement climatique qui s'accélère d'année en année.

>> Nos réponses à vos questions sur le réchauffement climatique

"Revenir aux besoins des gens"

Dès lors, la Commission européenne, alertée par la communauté scientifique, tente de convaincre les différents acteurs du parc automobile de le rendre écologique, avec, entre autres, la création en 2019 du Pacte vert, aussi appelé "Green Deal". Mais elle se heurte à une résistance féroce et à la pression des différents lobbies, réticents à l'idée de rendre les voitures plus propres de peur d'y perdre de l'argent. En 2022, les dirigeants européens et les politiques haussent le ton et réussissent à convaincre les plus réfractaires à transformer leurs véhicules et à revoir leurs stratégies, relate le documentaire.

"Il faut revenir aux besoins des gens (...), qui ne sont pas nécessairement d'avoir une énorme voiture, mais une petite voiture qui pèse beaucoup moins lourd", plaide dans le film Diane Strauss, directrice France de l'ONG Transport & Environnement. Un choix qui implique, selon elle, de "revenir sur une logique de production de voitures qui soient adaptées aux besoins des individus et pas seulement aux offres marketing pour faire de la marge".

"Trois cents kilos plus légère que la voiture actuelle"

Alors que les constructeurs chinois et américains se placent en pole position sur le terrain de la voiture électrique, la France tente de rattraper son retard à marche forcée. Aidés par l'Etat, les constructeurs hexagonaux rivalisent de créativité pour séduire les consommateurs qui peinent à changer leurs habitudes, et qui rêvent de voitures toujours plus grosses.

Un choix qui ne va pas dans le sens de l'histoire, déplore Jacques Portalier, ancien ingénieur motoriste chez Peugeot. Il travaille aujourd'hui pour une ONG qui propose des solutions pour la transition énergétique. "Pour nous, en moyenne, la voiture devrait être 300 kilos plus légère que la voiture actuelle (...). Elle devrait avoir une batterie de taille modérée (...) être une voiture aérodynamique, donc pas un SUV, (...) et une voiture raisonnablement équipée", liste-t-il.

Mais repenser, voire simplifier les automobiles ne trouve pas réellement d'écho parmi les constructeurs, qui fabriquent de nouveaux modèles toujours plus gros, tels que les SUV. "Aujourd'hui, on a quand même un paysage qui se dessine, et qui est un paysage de véhicules électriques qui vont ressembler comme des frères aux véhicules thermiques d'autrefois", se désole Bernard Jullien, du cabinet d'études et de recherche sur l'industrie et les services automobiles Feria. "Et rien, dans ce contexte-là, n'indique que l'automobile sera moins présente dans les sociétés de demain qu'elle ne l'était dans les sociétés d'aujourd'hui."

Le documentaire Automobile, la fin d'une ère ?, réalisé par Thomas Lafarge, est diffusé dimanche 4 juin à 20h55 sur France 5 et sur france.tv.

Source: franceinfo