Guerre en Ukraine : la Chine décidée à jouer les médiateurs
Le président chinois, Xi Jinping, à Zhanjiang, dans la province du Guangdong, le 11 avril 2023. LI GANG / AP
L’échange fut « long et significatif », a déclaré le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, après s’être entretenu, mercredi 26 avril, pour la première fois depuis le début de la guerre, avec son homologue chinois, Xi Jinping. « Nous avons discuté de toute une série de questions d’actualité concernant les relations bilatérales, a écrit le chef d’Etat ukrainien sur sa chaîne Telegram. Une attention particulière a été accordée aux possibilités de coopération en vue d’instaurer une paix juste et durable pour l’Ukraine. »
Cette première prise de contact, que les deux parties se sont engagées à renouveler, d’après le site de la présidence ukrainienne, est due aux ambitions chinoises de se positionner en tant que force médiatrice dans la résolution de la guerre entre l’Ukraine et la Russie même si, selon le communiqué chinois, « la Chine n’est pas à l’origine de la crise ukrainienne ni n’est partie à la crise ».
Le 24 février 2023, date « anniversaire » de la première année de l’invasion russe, le ministère des affaires étrangères chinois avait publié sur son site une « proposition de règlement politique » en douze points qui exhortait les deux parties à « reprendre les pourparlers de paix » tout en affirmant que « le dialogue et la négociation sont la seule solution viable à la crise ukrainienne ». Ce document avait été critiqué par les alliés de Kiev car il ne mentionnait pas de retrait des troupes du Kremlin des territoires ukrainiens occupés. Les autorités ukrainiennes, tout en se montrant également sceptiques, avaient accueilli favorablement l’idée d’un dialogue avec Pékin, le partenaire le plus puissant de la Russie. En mars, lors d’un entretien avec l’agence de presse AP, Volodymyr Zelensky avait d’ailleurs invité le président chinois à Kiev.
L’échange téléphonique de mercredi, organisé « à l’invitation de la partie ukrainienne », selon la Chine intervient trois semaines après que le président français, Emmanuel Macron, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ont demandé à Xi Jinping d’entrer en contact avec son homologue ukrainien. Le président chinois avait alors répondu qu’il le ferait « en temps utile ». Même désavoués a posteriori par Pékin, les propos tenus vendredi 21 avril par l’ambassadeur de Chine en France, Lu Shaye, selon lesquels la Crimée ne faisait peut-être pas partie de l’Ukraine, ont également pu inciter Xi Jinping à rassurer Volodymyr Zelensky.
A Washington, un porte-parole de la Maison blanche a jugé que ce dialogue était « une bonne chose », une formule également employée par l’Union européenne. Moscou a simplement pris acte de la volonté de la Chine « de faire des efforts pour établir un processus de négociation », mais estime que « les autorités ukrainiennes et leurs maîtres à penser occidentaux ont déjà montré leurs capacités à torpiller toute initiative de paix ».
Il vous reste 56.69% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Source: Le Monde
