Procès en appel d’Ihsane El Kadi : le parquet requiert l’aggravation de la peine

June 04, 2023
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Au regard du contexte, le procès en appel du journaliste Ihsane El Kadi, ouvert ce dimanche 4 juin à la Cour d’Alger, a tenu toutes ses promesses, avec une salle d’audience archi comble et une pléiade d’avocats pour le défendre.

Condamné en première instance à 5 ans de prison dont 3 ferme le 2 avril dernier, Ihsane El Kadi est poursuivi sur la base des articles 95 et 95 bis du code pénal relatifs à la « réception de financements étrangers à des fins de propagande politique » et « réception de financements pour accomplir des actes susceptibles de porter atteinte à la sécurité et au fonctionnement normal des institutions ».

Le tribunal de Sidi M’hamed a également ordonné la dissolution de la société Interface médias, éditrice de « Radio M » et « Maghreb Emergent », dont les locaux ont été scellés le lendemain de l’arrestation de Ihsane El Kadi, et un dédommagement de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel, qui s’est constituée partie civile, à hauteur de 2 millions de dinars.

Durant le procès en appel, Me Zoubida Assoul a relevé que « les scellés des locaux d’Interface Médias) ont été apposés sans décision de justice ». « Son arrestation est arbitraire et le PV d’audition du 24 décembre est caduc car ne comportant ni date, ni durée, ni accusation », relève pour sa part Me Abdallah Heboul.

L’avocat plaide aussi pour l’annulation de la décision de la chambre d’accusation du maintien du journaliste en prison prise le 15 janvier, à l’insu de la défense, alors que l’audience était initialement programmée initialement pour le 18 janvier. « Je ne savais pas qu’il y avait toutes ces violations, sinon j’aurais entamé une grève de la faim », dit Ihsane El Kadi au juge.

Procès en appel d’Ihsane el Kadi : verdict attendu le 18 juin

Pour l’avocate, Me Fetta Saddat, il n’y pas l’ombre d’un doute : c’est le contenu de Radio M qui « dérangeait ». « Ihsane El Kadi est poursuivi pour la quatrième fois car il a ouvert ses médias aux débats », soutient-elle. « Il faut dépolitiser ce procès, il faut se conformer à la Loi, il n’y a aucune preuve matérielle pouvant étayer les accusations de financements », reprend Me Heboul rappelant que le financement perçu par Ihsane émanait de sa fille Tin Hinane, établie à Londres et qui lui avait versé la somme de 25.000 Livres sterling échangée chez un cambiste au marché « Clauzel » à Alger.

Rappelant que lors du premier procès, les avocats avaient boycotté l’audience et que leur client avait gardé le silence, Me Zoubida Assoul s’est demandé sur quelle base le verdict avait été prononcé.

Invité par le juge à prendre la parole, le représentant de l’ARAV s’est contenté d’affirmer que leur instance n’a pas délivré d’autorisation à Radio M sans répondre pour autant sur l’absence d’une mise en demeure au préalable.

Quant à Ihsane El Kadi, il lâche : « Je conclus par deux phrases : je demande la relaxe et la réhabilitation. Et j’avoue avoir commis une erreur, celle de croire qu’une des parties allait remettre en cause les acquis d’octobre 1988 ».

Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public a estimé que l’activité audiovisuelle ne devait pas se livrer à la « diabolisation des personnes ». « Il faut une autorisation dans ce secteur sensible », estime-t-il en précisant « qu’on jugeait une personne physique et non pas un journaliste ».

Concernant l’accusation de financement étranger, le procureur, s’appuyant sur un émail retrouvé sur le téléphone de Ihsane El Kadi en provenance d’un dirigeant d’une association à Marseille, par ailleurs responsable du conseil d’administration d’Interface médias, portant sur une « aide », estime qu’il s’agit « d’un financement étranger et inconnu ».

C’est pourquoi il requiert l’aggravation de la peine, soit le maintien du réquisitoire de première instance, cinq ans de prison ferme assorti d’une interdiction d’activité. Le verdict est attendu pour le 18 juin prochain.

Source: TSA - Tout Sur l'Algérie