Avant même son premier discours, le président de la COP28 n’est déjà pas crédible

June 05, 2023
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ENVIRONNEMENT - Il a les deux pieds dans le pétrole, et pourtant ce lundi 5 juin il va présider la plus grande conférence de l’année sur le climat. Depuis sa nomination à la tête de la COP28, le Sultan al-Jaber, PDG du géant pétrolier émirat ADNOC, est dans le viseur des associations environnementales. Si bien que son discours à la conférence de Bonn qui s’ouvre ce lundi 5 juin Allemagne est attendu au tournant.

Pendant deux semaines, ces discussions vont permettre de préparer la prochaine COP, qui se déroulera à Dubaï en novembre prochain. Mais c’est surtout l’occasion pour Sultan al-Jaber de donner des réponses à ceux qui doutent de lui. Dans cette première prise de parole officielle, chaque mot va compter.

L’enjeu est gros : plusieurs ONG, experts et élus attendent que Sultan al-Jaber prouve son indépendance vis-à-vis des énergies fossiles. « On lui a demandé de suspendre ses fonctions de chef d’entreprise auprès d’ADNOC son entreprise pétrolière pendant les deux ans qui arrivent, pour l’instant il n’en a rien fait » indique au HuffPost Marine Pouget, chargée des questions internationales chez Réseau Action Climat.

Ambitions timides sur les énergies fossiles

Dernièrement, 130 élus américains et européens ont appelé au retrait de Sultan al-Jaber de la présidence de la COP28 dans une lettre commune. Ils craignent que ses intérêts pétroliers freinent les négociations, alors que la dernière COP avait été très marquée par la forte présence de lobbyistes des énergies fossiles. « Il y a eu une hausse de 25 % de lobbyistes par rapport à la COP précédente, et cela a clairement influencé sur le manque d’ambition sur les énergies fossiles » rappelle au HuffPost Marine Pouget, chargée des questions internationales chez Réseau Action Climat.

Interrogé par l’AFP en avril, al-Jaber s’était défendu en rappelant qu’il était aussi le fondateur de Masdar, une société nationale émiratie spécialisée dans les énergies renouvelables. Les négociateurs américain et européen sur le climat, John Kerry et Frans Timmermans, ont défendu sa nomination.

Mais les récentes prises de parole du chef d’ADNOC ne sont pas de bon augure. Il a insisté dernièrement sur l’importance des énergies fossiles pour l’économie mondiale. Sa position est claire : plutôt que d’appeler à une sortie du pétrole et du gaz, il a préféré parler d’éliminer « les émissions » des énergies fossiles avec diverses techniques pour en capter les rejets.

Or les conclusions de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) et du rapport du Giec sont claires : aucun nouveau projet pétrolier et gazier ne doit sortir de terre si l’on ne veut pas dépasser l’objectif de 1,5 degré de réchauffement, par rapport à l’ère préindustrielle, fixé par l’Accord de Paris. « Cette présidence doit montrer rapidement quelle est son ambition : accélérer dans les renouvelables en fait partie mais cela ne suffira pas pour cette COP », estime Laurence Tubiana, architecte des accords de Paris de 2015 et présidente de la Fondation européenne du climat.

La signature d’ADNOC, en mai dernier, d’un accord d’au moins un milliard de dollars avec le français TotalEnergies pour l’approvisionner en gaz naturel liquéfié, donne le ton des intentions de son PDG quand à la transition énergétique.

Accusé de greenwashing jusque sur Wikipédia

Une position mal assumée, alors que Sultan al-Jaber a récemment fait modifier sa page Wikipédia pour la faire paraître plus verte. Selon une enquête de The Centre for Climate Reporting, l’équipe du président de la COP28 a demandé plusieurs modifications récentes, notamment pour effacer les mentions liées à ses activités dans les énergies fossiles.

Par exemple, un utilisateur de Wikipédia, qui a révélé être payé par ADNOC, a suggéré aux éditeurs de supprimer la référence à un accord de 4 milliards de dollars que Sultan Al Jaber a signé en 2019 avec les géants américains de l’investissement BlackRock et KKR pour le développement d’infrastructures d’oléoducs.

Cet utilisateur a aussi recommandé à Wikipédia de supprimer une citation qui mettait en évidence la dissonance dans la nomination de Sultan al-Jaber à la tête de la COP28 alors qu’il a de forts intérêts et responsabilités dans l’expansion des énergies fossiles. A la place, l’utilisateur a suggéré que la page que l’entreprise utilise les revenus de cette production pétrolière accrue pour « investir dans les technologies de capture du carbone et de carburants verts ». Des manigances qui ne rassurent pas quant à la tenue des débats à la COP28.

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Source: Le HuffPost