Kaija Saariaho, figure de proue de la musique contemporaine, est morte
La compositrice finlandaise Kaija Saariaho, à d’Helsinki, le 18 août 2022. EMMI KORHONEN/AFP
La compositrice finlandaise Kaija Saariaho est morte à Paris, chez elle, pendant son sommeil, le 2 juin, à l’âge de 70 ans, des suites d’un cancer cérébral.
En voyant Kaija Saariaho arriver en fauteuil roulant, le 17 septembre 2022, au Palais des fêtes de Strasbourg, pour assister à l’hommage qui lui était consacré dans le cadre du festival Musica, on avait craint que la soirée ne prenne des allures de veillée funèbre anticipée. A tort. La vitalité frémissante de sa musique, interprétée notamment par sa fille, la violoniste Aliisa Neige Barrière, le naturel et la noblesse de ses propos (extraits d’un film d’Anne Grange projeté pour l’occasion) et la pertinence du programme conçu comme un aller-retour entre les deux faces de la création (gestation à la table, incarnation au concert), tout avait contribué à rappeler simplement qui était Kaija Saariaho : l’une des plus grandes figures de la musique contemporaine.
Kaija Saariaho est née le 14 octobre 1952, à Helsinki, sous le nom de Kaija Laakkonen, fille aînée d’un ingénieur en métallurgie originaire de Carélie et d’une femme au foyer. Ses parents n’étant pas particulièrement mélomanes, elle n’entend pas beaucoup de musique à la maison. Sauf celle que la fillette croit émerger de son oreiller quand elle s’apprête à s’endormir. L’inspiration onirique est déjà à l’œuvre dans l’esprit de la future compositrice. Très sensible aux sons, de manière générale, au point de les percevoir parfois comme des agressions, Kaija Laakkonen est considérée par son entourage comme une enfant étrange, timide, renfermée. Inscrite dans une école d’Helsinki qui applique les principes de Rudolf Steiner, elle commence le violon à l’âge de 6 ans, puis passe, deux ans plus tard, au piano et commence même à composer, en tâtant de la guitare, quand elle se retrouve seule dans sa chambre.
Mozart la détourne de la musique
Une découverte, alors qu’elle a passé le cap des 10 ans, va mettre brutalement fin à ces premiers essais : la lecture d’un livre sur Mozart. En apprenant que le prodige autrichien avait déjà composé une flopée de partitions au même âge qu’elle, elle se détourne de la musique pour se concentrer sur son autre passion : le dessin. Durablement, puisque, après l’obtention du baccalauréat, en 1972, Neiti Laakkonen (« mademoiselle Laakkonen », en finnois) intègre l’Ecole supérieure des arts industriels d’Helsinki. Dans le même temps, elle étudie toutefois la musicologie à l’université d’Helsinki et prend des cours de piano ainsi que de théorie au conservatoire de la ville. Encore étudiante, elle se marie avec Markku Saariaho, puis se sépare de lui au bout d’un an mais garde son nom.
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Source: Le Monde