Paris 2024 : plus des trois quarts des médaillés russes des Jeux de Tokyo sortent du modèle de neutralité du CIO
La ministre des sports et des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) le concède : « Ce n’est pas une question simple. » Amélie Oudéa-Castéra fait référence au dossier qui agite les instances sportives et diplomatiques internationales : la possible participation de sportifs russes et biélorusses sous statut neutre à la grand-messe olympique de l’été 2024 à Paris.
Mardi 25 avril, devant l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, la ministre a rappelé la nécessité pour les responsables politiques de « comprendre concrètement » ce que peut signifier le modèle de neutralité que le Comité international olympique (CIO) a invité les fédérations sportives à appliquer aux compétitions – sans se prononcer, à ce stade, sur ce qu’il en sera pour les Jeux – et quelle peut être « sa viabilité ».
Le 28 mars, l’instance sise à Lausanne (Suisse) a lié le retour des athlètes russes et biélorusses à des « conditions strictes » : pas d’hymne ni de drapeau nationaux, une participation limitée aux seuls individus – les équipes restant exclues –, pour peu qu’ils n’aient pas soutenu la guerre en Ukraine et ne soient pas sous contrat avec l’armée ou les services de sécurité.
Sur ce dernier point, le travail mené par le collectif français Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre ! est édifiant. Ce regroupement de professeurs et de chercheurs issus de tous les champs disciplinaires, créé après l’invasion du pays par les troupes du Kremlin, le 24 février 2022, a passé au crible la liste des médaillés olympiques russes au Jeux de Tokyo en 2021 – hors sports collectifs. Sur les 92 sportifs recensés, 58 sont des militaires ou des policiers, soit près des deux tiers.
« Bulle de patriotisme »
En incluant les licenciés au CSKA Moscou – club omnisports qui, s’il n’a plus de lien avec l’Armée rouge, continue de servir les intérêts du gouvernement –, ceux du Dynamo Moscou – fondé en 1923 par Felix Dzerjinski, le chef de la police secrète de Staline, et encore aujourd’hui étroitement lié au service de renseignement du pays, le FSB –, et en y ajoutant les athlètes ayant ouvertement exprimé un soutien à la guerre, ils sont au total 71, plus des trois quarts, à sortir du cadre de neutralité tel que défini par le CIO.
En mars 2022, la gymnaste rythmique Dina Averina, 24 ans, vice-championne olympique du concours général individuel, Viktoria Listunova, 17 ans, sacrée avec l’équipe féminine de gymnastique artistique, ou encore le nageur Evgeny Rylov, 26 ans, en or sur le 100 m et le 200 m dos et en argent sur le relais 4 × 200 m nage libre, se sont par exemple affichés, médailles autour du cou et la lettre « Z », signe de ralliement à l’intervention militaire, sur leur tenue sur la scène d’un meeting géant au stade Loujniki de Moscou.
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Source: Le Monde