Guerre en Ukraine : L’heure de la contre-offensive a-t-elle sonné ?
L’armée ukrainienne aime rester discrète quant à sa stratégie militaire. Elle a pourtant annoncé depuis plusieurs mois une contre-offensive en préparation, destinée à obliger les troupes russes à se retirer des zones qu’elles occupent. Alors qu’en face, Moscou affirme être en train de contrer des attaques sur plusieurs fronts depuis le 4 juin, Kiev relativise. L’heure de cette contre-offensive a-t-elle sonné ou s’agit-il de simples actions offensives menées par l’État-major ukrainien ? Le point sur les derniers éléments disponibles.
Des « attaques d’ampleur » ukrainiennes ou la propagande russe en action ?
Cinq secteurs du front ont été le théâtre d’actions de la part de l’armée ukrainienne que le ministère russe de la Défense affirme avoir contrées depuis le 4 juin. Ces « attaques d’envergure » se situent, selon Moscou, « dans la direction sud de la région de Donetsk », située dans l’Est. L’armée russe a en outre reconnu mardi la mort de 71 de ses soldats dans ces opérations destinées à repousser les attaques ukrainiennes.
De nouvelles « tentatives de percer les défenses russes » ont aussi lieu lundi après-midi près de la localité de Novodonetské, dans les environs de Vougledar, dans le sud de la région de Donetsk. « L’ennemi n’a pas atteint ses objectifs », s’est félicité le ministère russe, diffusant des images de destructions de blindés. Un discours toutefois mis en doute par les experts qui observent le conflit, à l’image de Cédric Mas, historien militaire, qui dénonce « une nouvelle propagande grossière annonçant des pertes extraordinaires » ukrainiennes.
Le ministère russe de la Défense a par ailleurs félicité ses forces qui auraient tué « plus de 1.500 militaires ukrainiens » et détruit « 28 chars. » Des chiffres tournés en dérision par le chef du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine. « Il ne s’agit que d’élucubrations », a-t-il commenté. Tuer 1.500 soldats en une journée est « un sacré massacre », a-t-il ironisé en se moquant du porte-parole du ministère russe de la Défense Igor Konachenkov.
De simples « actions offensives », selon Kiev
Du côté de Kiev, on relativise les annonces tonitruantes russes. Selon la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar, « dans certains secteurs, nous menons des actions offensives. » Elle a aussi fait état, sans plus de précisions, de « combats mineurs » dans le sud où les forces russes sont « sur la défensive ». L’annonce du début de la contre-offensive est rejetée par le camp ukrainien.
Si Volodymyr Zelensky a remercié ses troupes pour les gains territoriaux qu’elles ont revendiqués, il a au passage ironisé sur la réaction de Moscou. « Nous voyons à quel point la Russie réagit de manière hystérique à toutes les avancées que nous faisons dans ce secteur, à toutes les positions que nous prenons. L’ennemi sait que l’Ukraine va gagner », a déclaré le président ukrainien.
Le conseiller de la présidence ukrainienne Mykhaïlo Podoliak avait auparavant estimé que la Russie est « occupée à repousser une offensive globale qui n’existe pas encore ». « Pourquoi les Russes publient-ils activement des informations à propos d’une contre-offensive ? Parce qu’ils ont besoin de détourner l’attention [au sujet de] la défaite dans la direction de Bakhmout », a pour sa part lancé la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar, sur Telegram.
Des tests de reconnaissances ?
Experts et militaires russes s’attendent en réalité à ce que Kiev multiplie les attaques sur les lignes ennemies pour y déceler des faiblesses, avant de lancer le gros des troupes. En septembre 2022, l’armée ukrainienne avait préparé en secret un assaut qui avait abouti à la reconquête de la quasi-totalité de la région de Kharkiv.
Ces opérations de Kiev lui permettent « de mieux connaître les positions russes, tenter de prendre pied sur des positions clé pour ouvrir l’offensive ensuite, faire diversion, mais surtout, fixer les forces russes dans ce secteur », analyse sur Twitter Stéphane Audrand, consultant indépendant, spécialiste du contrôle du commerce des armements.
Soulignant la qualité stratégique de diversion dans la communication ukrainienne, le spécialiste avance la possibilité « que les Ukrainiens ont déployé de fausses unités qu’ils rendent crédibles par de vraies/fausses attaques. » La contre-offensive ne va plus tarder selon d’autres observateurs. « Au cours de la semaine prochaine, il semble que l’offensive la plus importante de ces sept derniers mois va commencer », affirme ainsi le compte War Mapper, qui produit des cartes quotidiennes de la guerre en Ukraine.
Bakhmout reste l’épicentre des combats
La région de Donestk reste à ce jour l’épicentre des combats, notamment dans la ville de Bakhmout sous le feu depuis l’été dernier. Avancées puis replis… La ville n’est toujours pas tombée aux mains des Russes malgré les efforts menés par les mercenaires de Wagner pour prendre Bakhmout. Alors qu’ils ont laissé la main à l’armée russe régulière, le camp russe accuse de nouvelles défaites.
Ganna Maliar a ainsi affirmé que les forces ukrainiennes avancent en périphérie de cette cité « sur un front assez large » : « Nous remportons des succès et occupons les hauteurs dominantes ». Selon elle, les troupes ukrainiennes ont avancé de plusieurs centaines de mètres sur ce secteur du front. Cette progression a même été confirmée par Evguenie Prigojine selon lequel « une partie de la localité de Berkhivka est déjà perdue », une « honte. »
Source: 20 Minutes