Autoroutes : Clément Beaune réclame une baisse "d'au moins 10%" du prix des péages pour cet été

June 07, 2023
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Le ministre des Transports rencontrera les sociétés d'autoroutes la semaine prochaine pour déterminer les modalités de cette mesure.

À quelques semaines des départs pour les grandes vacances, le gouvernement cherche à forcer la main aux sociétés d'autoroutes pour alléger le portefeuille des Français. «Il est important [qu'elles] fassent un geste commercial», a mentionné Clément Beaune ce mercredi matin sur RTL.

L'été dernier, une ristourne de 10% avait été accordée aux automobilistes réglant par chèque-vacances. «Mais il est arrivé mi-juillet, cette année il faut le faire plus tôt», a précisé le ministre des Transports. Le gouvernement requiert une ristourne du prix des péages «d'au moins 10%» ainsi qu'une réduction de 40% pour les voyageurs réguliers. «Je reçois les sociétés d'autoroutes la semaine prochaine» pour déterminer «les modalités» de cette mesure, a complété le ministre. Pour ce dernier, ce geste est indispensable alors que les péages ont augmenté de 4,75% cette année.

Interrogé sur une possible gratuité des péages en été, Clément Beaune a fustigé une «démagogie et du mensonge», justifiant que «la route se finance». Si 40% du prix des péages arrive dans les caisses de l'État, il demande «aux sociétés d'autoroutes d'investir» les 60% restants «dans des bornes de recharge ou des dispositifs de covoiturage».

Les sociétés d'autoroutes sont régulièrement attaquées sur leur rentabilité exceptionnelle. Un rapport, établi en 2021 mais sorti tout récemment, de l'Inspection générale des finances (IGF) et du service d'inspection du ministère de l'écologie pointait que les réseaux de Vinci (ASF-Escota) et d'Eiffage (APRR-Area) présentaient une rentabilité de 12%, un montant «très supérieur» au niveau «ciblé» par l'État au moment de la privatisation des autoroutes en 2006.

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Vers un «réalignement de la rentabilité» ?

Les comptes du groupe Vinci montrent cette excellente santé des concessions autoroutières françaises. Vinci Autoroutes, la branche regroupant les autoroutes françaises (ASF-Escota et Cofiroute) du géant de la construction et des concessions, affiche un résultat d'exploitation de 3,1 milliards d'euros en 2022. Un montant qui représente tout simplement 46% du résultat d'exploitation du groupe dans son ensemble !

Ceci dit, c'est bien là, le principe de la privatisation des autoroutes. Les concessionnaires ont versé des sommes très conséquentes à l'État. Le site spécialisé dans les finances publiques Fipeco évalue les sommes perçues par l'État pour les ASF, APRR et Sanef à 14,8 milliards d'euros lors de leurs privatisations totales en 2006, quand il avait perçu 4 milliards d'euros pour l'ouverture de leur capital entre 2002 et 2005. Et ils font un excellent travail, puisque la qualité des autoroutes françaises est largement reconnue.

Pour autant, cela n'a pas empêché les enquêteurs de l'IGF de réclamer un «réalignement de la rentabilité» des sociétés. Ce qui aurait pu prendre une fine anticipée des concessions où une révision drastique des tarifs. Mais Bercy ne veut pas en entendre parler, car les sociétés concessionnaires porteraient sans aucun doute l'affaire devant la justice. Et l'État pourrait bien perdre. Ce qui est déjà arrivé par le passé. En 2014, Ségolène Royal, alors ministre de l'écologie, avait décrété un gel des tarifs autoroutiers. En toute illégalité. Les concessionnaires avaient porté l'affaire devant la justice. Et obtenu un rattrapage, et 500 millions supplémentaires.

L'État se contente donc de pousser les concessionnaires à accorder des ristournes aux utilisateurs. Ce qu'ils font d'ailleurs. En attendant le grand soir de la renégociation qui arrive rapidement. Les sept principales concessions, représentant 90% du réseau concédé, arriveront à échéance entre 2031 et 2037.

Source: Le Figaro