Après les Etats-Unis, Huawei bientôt banni d'Europe ?
L’Union Européenne envisage une interdiction obligatoire de l’utilisation de Huawei dans la construction des réseaux 5G en raison de préoccupations de sécurité
Seulement un tiers des pays de l’UE ont interdit Huawei des parties sensibles de leurs réseaux de communication 5G, malgré les recommandations de Bruxelles
Huawei s’oppose à la politisation de l’évaluation de la cybersécurité, aucune cour n’ayant prouvé le vol de propriété intellectuelle
L’Union Européenne envisage une interdiction obligatoire pour ses États membres de s’associer à des entreprises considérées comme présentant un risque pour la sécurité dans leurs réseaux 5G, y compris le groupe de télécommunications chinois Huawei, selon des hauts responsables européens.
Cette décision survient alors que l’inquiétude grandit à Bruxelles face à la lenteur de certaines administrations nationales sur ce sujet, selon ces mêmes responsables. Malgré les recommandations de Bruxelles d’exclure les fournisseurs à haut risque des investissements technologiques, seul un tiers des pays de l’UE a banni Huawei de parties sensibles des communications 5G. Thierry Breton, commissaire au marché intérieur de l’UE, aurait déclaré lors d’une réunion avec les ministres des télécommunications de l’UE que cette situation expose la sécurité collective de l’Union.
Les recommandations, qui avaient été unanimement acceptées par les États membres en 2020, allaient des exigences de certification à la diversification des fournisseurs. Ces directives n’impliquaient pas une interdiction directe, mais des personnes ayant une connaissance du sujet ont déclaré que l’UE pourrait introduire une interdiction obligatoire sur les entreprises susceptibles de présenter un risque pour la sécurité, comme Huawei, si les États membres, dont l’Allemagne, continuaient à tarder.
Toutefois, il est peu probable que de nouvelles règles imposant une interdiction soient mises en place avant la fin du mandat de cinq ans de la Commission Européenne actuelle (qui court jusqu’à 2024), compte tenu du temps nécessaire pour obtenir l’approbation du Parlement Européen et des États membres pour toute nouvelle loi.
Huawei se défend
Huawei a déjà réagi à ces nouvelles attaques. “Évaluer les risques de cybersécurité sans adhérer aux normes technologiques, ou exclure certains fournisseurs du système sans une évaluation technologique appropriée, est une violation des principes d’équité et de non-discrimination, et est également contraire aux lois et règlements de l’Union Européenne et de ses États membres” a déclaré l’entreprise. Et d’ajouter :
Aucune cour n’a jamais trouvé que Huawei s’était engagé dans le vol malveillant de propriété intellectuelle, ou a exigé que Huawei paye des dommages pour violation de la propriété intellectuelle d’autrui.
Ces nouvelles tensions en Europe font écho à la situation du géant chinois Outre-Atlantique. Washington a accusé Huawei d’être une entreprise criminelle qui a volé des entreprises américaines, violé des sanctions contre la Corée du Nord et fait de fausses déclarations au FBI. Les Etats-Unis ont même exhorté leurs alliés à bannir l’entreprise de leur infrastructure de communication.
En Allemagne, des responsables ont exprimé leur inquiétude quant aux liens entre Deutsche Telekom et Huawei. Plus tôt cette année, Berlin a déclaré qu’elle examinait l’utilisation de composants chinois dans son infrastructure 5G et si un changement de loi était nécessaire.
Ces derniers avertissements interviennent à un moment où l’UE se préoccupe de plus en plus de sa dépendance technologique envers la Chine, des pratiques commerciales du pays et du bilan de Pékin en matière de droits de l’Homme. Lors de la dernière réunion avec les ministres des télécommunications, Thierry Breton a averti des risques d’être trop exposé aux fournisseurs chinois. “Mon message principal aux États membres était de leur rappeler l’urgence d’agir pour éviter de créer des vulnérabilités majeures qui seraient difficiles à inverser”, a-t-il déclaré.
Cette initiative intervient alors qu’un certain nombre de nations européennes réévaluent leur dépendance à l’égard de la Chine pour leur infrastructure de télécommunications. Le Portugal, l’un des plus grands bénéficiaires par habitant de l’investissement chinois en Europe, se prépare à interdire Huawei de certains équipements 5G. Le Danemark, la Suède, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie, ainsi que le Royaume-Uni, ont déjà banni l’entreprise de leur infrastructure 5G.
Rien ne va plus pour Huawei donc qui incarne à lui seul le symbole des tensions géopolitiques entre la Chine et le reste du monde.
Source: Presse-citron