En visite à Tunis, Giorgia Meloni plaide en faveur d’un accord avec le FMI

June 07, 2023
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La présidente du conseil italien, Giorgia Meloni, et le président tunisien, Kaïs Saïed, à Tunis, le 6 juin 2023. TUNISIAN PRESIDENCY / VIA REUTERS

Bouquet de fleurs et tapis rouge. Accueillie avec les honneurs en Tunisie, mardi 6 juin, la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni, a été reçue à sa descente d’avion par la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, avant de gagner Carthage, où elle s’est entretenue avec le chef de l’Etat, Kaïs Saïed. La visite officielle de la dirigeante d’extrême droite – la première depuis le coup de force du président tunisien, en juillet 2021 – n’a duré que quelques heures, mais elle confirme l’attention portée par l’Italie à son voisin du sud de la Méditerranée. Un intérêt nourri par la recrudescence des départs de migrants depuis les côtes tunisiennes.

Rome, qui a déjà dépêché deux fois à Tunis son ministre de l’intérieur, Matteo Piantedosi, en janvier et en mai, s’inquiète des répercussions sur son sol de la crise socio-économique et financière que traverse la Tunisie. Le pays, affecté par une hausse du coût de la vie et des pénuries chroniques de produits alimentaires, est en discussion avec le Fonds monétaire international (FMI) pour obtenir un prêt de 1,9 milliard de dollars (1,78 milliard d’euros). Mais les pourparlers piétinent.

La courte visite de Giorgia Meloni avait pour objet de convaincre le président tunisien de faire des concessions sur les réformes qui conditionneraient le déblocage des crédits et des aides. « J’ai parlé au président Saïed des efforts qu’un pays ami comme l’Italie déploie, dans le plein respect de la souveraineté tunisienne, pour tenter d’aboutir à une conclusion positive de l’accord entre la Tunisie et le FMI », a déclaré la présidente du conseil à l’issue de la rencontre, réaffirmant au passage qu’un prêt de l’instance reste « fondamental pour renforcer le pays et pour son plein redressement ».

Les « diktats » du FMI

Le FMI a donné son accord préalable en octobre 2022, mais le dispositif est conditionné à la mise en place de certaines mesures, comme l’allégement de la masse salariale de la fonction publique, la réforme des entreprises d’Etat et, surtout, le démantèlement des subventions publiques sur les produits de base. La disparition de ce système pourrait avoir un fort impact sur les Tunisiens les plus modestes, alors que le pays connaît une inflation avoisinant les 10 % depuis plusieurs mois.

« Les injonctions [du FMI] qui conduisent à plus de pauvreté seront rejetées », avait rétorqué Kaïs Saïed le 6 avril, qualifiant de « diktats » les mesures réclamées. « Si Kaïs Saïed accepte les conditions du FMI telles qu’elles sont, avec les échéances prévues, il risque de déclencher des protestations sociales, analyse Bassem Snaije, conseiller en finance et enseignant en économie à Sciences Po Paris et à l’Ecole supérieure des affaires de Beyrouth. Il joue un coup de poker pour faire en sorte que les conditions du sauvetage de la Tunisie soient les moins pénibles possibles pour ceux qui n’ont pas les moyens. »

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Source: Le Monde