" Après s’être concentré sur le soutien occidental, Kiev doit désormais plaider sa cause auprès du Sud global "

June 07, 2023
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La contre-offensive ukrainienne ne sera pas que militaire. En se rendant, en mai, au sommet de la Ligue arabe organisé en Arabie saoudite, le président Volodymyr Zelensky est sorti d’une zone de confort diplomatique. Pendant la première année du conflit, il a en effet multiplié, à distance ou en personne, les discours, toujours chaleureusement applaudis, devant la quasi-totalité des Parlements des pays occidentaux ou d’assemblées plus inattendues, comme lors de la Mostra de Venise ou de la cérémonie des Grammy Awards. Leurs assistances lui étaient acquises, il lui faut parler désormais à ceux qui ne veulent pas l’entendre.

L’enkystement du conflit en fait un impératif. Après s’être concentré sur le soutien occidental, primordial pour la survie d’une Ukraine indépendante, Kiev doit désormais plaider sa cause auprès du Sud global, qui regroupe la masse critique des pays désalignés, de la Chine au Brésil en passant par l’Inde et plusieurs dizaines de pays africains.

A Djedda, le président ukrainien s’est ainsi exprimé devant le chef d’un Etat, la Fédération des Emirats arabes unis, qui s’est abstenu, en février 2022, lors d’un vote sur l’Ukraine au Conseil de sécurité des Nations unies, trois jours seulement après le début de l’invasion. Il a même parlé en présence d’un chef d’Etat fraîchement réintégré, le Syrien Bachar Al-Assad, qui a soutenu invariablement Moscou à l’ONU. Vladimir Poutine lui a permis, il est vrai, de rester au pouvoir au prix de l’écrasement de ses propres concitoyens.

Afrique, Amérique latine, Asie : la carte de la contre-offensive diplomatique ukrainienne n’est pas moins difficile que celle des combats. La Russie y dispose d’ancrages anciens et puissants qui ont limité les tentatives d’endiguement occidentales par le biais de sanctions économiques massives. Avant l’actuel titulaire du poste, Dmytro Kuleba, en octobre, aucun ministre des affaires étrangère ukrainien ne s’était jamais rendu en Afrique depuis l’indépendance de son pays, en 1991. Son homologue russe, Sergueï Lavrov, y a effectué quatre tournées depuis février 2022.

Ouvertures d’ambassades

Dmytro Kuleba, qui a annoncé l’ouverture prochaine d’une dizaine d’ambassades sur le continent africain, est tout aussi à la traîne en Amérique latine. Sergueï Lavrov l’a devancé en avril au Brésil, et dans trois autres régimes autoritaires, au Venezuela, au Nicaragua et à Cuba. Le ministre ukrainien, lui, s’est contenté d’une seule visite au Guatemala, en mai, où il a annoncé également l’ouverture prochaine d’une ambassade.

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Source: Le Monde