Afrique du Sud : pourquoi les "plus vieilles tombes du monde" font polémique

June 07, 2023
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Le chercheur Lee Berger et son équipe annoncent qu'en Afrique du Sud, certains ensembles de fossiles d'un ancien cousin de l'Homme forment en fait les tombes les plus anciennes de la préhistoire, suscitant le septicisme d'autres experts.

Une nouvelle controverse secoue le monde de la paléontologie : dans une série d'articles qui doivent encore être revus par des pairs avant publication, des scientifiques affirment avoir fait des découvertes d'envergure en Afrique du Sud : le chercheur Lee Berger et son équipe annoncent que certains ensembles de fossiles d'un ancien cousin de l'Homme, Homo Naledi, qu'ils étudient depuis une dizaine d'années, forment en fait les tombes les plus anciennes de la préhistoire.

>> EN IMAGES. Les ossements de "l'Homo naledi", qui pourraient être issus d'une ancienne espèce humaine, découverts en Afrique du Sud

Peut-être les premières traces de pratiques funéraires

La découverte a été faite dans la zone surnommée le "Berceau de l'humanité", au nord-ouest de Johannesburg. Ce sont surtout des fossiles retrouvés à partir de 2017, à deux endroits du réseau de galeries de la grotte calcaire de "Rising Star", qui fascinent les scientifiques : l'agencement des os et des roches fait dire à Lee Berger que ces restes de l'espèce Homo Naledi, ont été placés là de façon intentionnelle, et qu'il s'agit donc des premières traces de pratiques funéraires.

Découvertes dans des alcôves enfouies au bout d'un réseau d'étroites galeries, à une trentaine de mètres sous terre, les explorateurs ont constaté que les tombes avaient été rebouchées avec la terre creusée au départ pour former les trous, preuve selon eux que les corps de ces pré-humains ont été volontairement enterrés en position fœtale et recroquevillés.

Ces supposées sépultures sud-africaines dateraient d'il y a 200 000 à 300 000 ans, soit plus de 100 000 ans avant celles d'Homo Sapiens. De plus, des symboles retrouvés gravés sur les parois seraient aussi des marques laissées de façon délibérée.

Un explorateur controversé

Cette découverte viendrait chambouler les certitudes paléontologiques qui attribuent ces pratiques funéraires à l'Homme moderne. Les tombes les plus anciennes découvertes jusqu'ici, notamment au Proche-Orient et au Kenya, datent d'environ 100 000 ans avant notre ère et abritent des restes d'Homo sapiens. Mais d'autres chercheurs appellent à la prudence. S'ils reconnaissent l'importance de la découverte de ces fossiles, ils critiquent aussi le manque de solidité des preuves avancées pour affirmer qu'il s'agit là, sans aucun doute, d'une inhumation volontaire.

Ce n'est pas la première fois que Lee Berger, cet explorateur et scientifique américain de 57 ans installé en Afrique du Sud, fait sensation. En l'espace de quinze ans, ce paléoanthropologue de 57 ans a découvert deux nouvelles espèces d'hominidés et cousins éloignés de l'homme s'attirant de nombreuses critiques du milieu, souvent accusé de brûler les étapes, d'annoncer des révolutions avant d'avoir tout à fait daté les fossiles, et plus globalement de bousculer la rigueur scientifique, quand d'autres consolident pendant 20 ou 30 ans une hypothèse avant d'avancer une théorie.

Source: franceinfo