Les ventes de STMicroelectronics ont été meilleures que prévu au premier trimestre, bonne surprise aussi du côté de la marge brute qui, toutefois, devrait être stable sur l’année, pas de révision à la

April 27, 2023
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Par La Rédaction d'Investir

Publié le 27 avr. 2023 à 14:50 Mis à jour le 27 avr. 2023 à 16:30

STMicroelectronics qui se fait secouer les puces en Bourse (-8% sur le Cac 40) après avoir publié des chiffres financiers pour le premier trimestre meilleur que prévu et relevé ses prévisions pour le reste de l’année, c’est à croire que les investisseurs cherchent vraiment la petite bête.

Le chiffre d’affaires du fabricant de semiconducteurs est en croissance de presque 20% sur un an (mais en repli de 3,8% par rapport au quatrième trimestre), à 4,2 milliards dollars. Oui, parce que dans ce secteur d’activité ultra globalisé - les difficultés d’approvisionnement pendant la crise sanitaire l'ont bien mis en lumière - l'on fait sa compta en dollars, comme dans les métiers pétroliers. Les clients s’appellent Renault, mais aussi Tesla et Apple. Et les fournisseurs, Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC) ou Cohu.

Le groupe franco-italien, dans un secteur mis à mal par la baisse des ventes de PC et smartphones, s’en sort mieux que, par exemple, son concurrent américain Texas Instruments, dont le chiffre d’affaires a reculé au premier trimestre. Le français Soitec (-12%), qui vend des plaques de silicium aux fabricants de puces, a fait savoir hier soir, lors de la publication de son chiffre d’affaires à fin mars, que les deux prochains trimestres seraient difficiles en raison d’« un apurement des stocks dans l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement du marché des smartphones. »

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L’automobile, son principal marché

STMicroelectronics tire l’essentiel de ses revenus de la production automobile (plus de 40% de son chiffre d’affaires). On se souvient que, pendant la pénurie de puces en pleine crise sanitaire, Renault avait dû, pour pouvoir produire et vendre ses voitures, abandonner un temps les rétroviseurs électriques pour revenir aux anciens modèles manuels. Peugeot avait été contraint, pour sa part, à revenir aux compteurs analogiques. Les voitures sont aujourd’hui des ordinateurs sur roues. Les puces y sont omniprésentes : tableau de bord, parechocs, moteur, airbag, ABS, aide au stationnement, antivol…

Aujourd’hui, la multinationale profite du boom de la demande pour les voitures électriques. Le PDG, Jean-Marc Chéry, a insisté, pendant la conférence de présentation des comptes aux analystes, sur la vigueur de la demande dans le segment automobile. « L'activité automobile a continué d'afficher une croissance de 7% par rapport au trimestre précédent », salue l’analyste Juergen Wagner de la banque d’investissement Stifel. La direction s’est également montrée satisfaite du niveau des ventes à l’industrie, dans un monde où les usines sont de plus en plus connectées, automatisées, à la recherche d’efficience énergétique, tandis que le marché de l’électronique grand public est à la peine. « Nous évoluons dans un environnement dont la dynamique varie considérablement en fonction des marchés finaux que nous servons », a résumé M. Chéry.

La marge brute à fin mars, de 49,7%, se révèle 1,7 point au-dessus des attentes des analystes financiers (48%). La direction la voit à 49% au deuxième trimestre, soit presque 2 points au-delà du consensus. Et elle prévoit désormais, pour l’ensemble de l’année, un chiffre d'affaires compris entre 17 milliards et 17,8 milliards de dollars, ce qui représente une croissance par rapport à 2022 d'environ 5 à 10%. Précédemment, elle s'attendait à des revenus situés entre 16,8 milliards et 17,8 milliards. STMicroelectronics table sur une croissance de son chiffre d’affaires de 4% au second semestre par rapport au premier.

Des stocks plus élevés que prévu

Le relèvement des prévisions de chiffre d’affaires pour l’ensemble est « léger », du point de vue unanime des analystes financiers, pas totalement surpris par la bonne nouvelle parce que, il y a un mois, l’allemand Infineon, lui aussi très présent dans l’automobile, avait déjà revu à la hausse ses ambitions pour cette année. N’empêche que l’analyste Stéphane Houri, de la banque privée Oddo BHF, s’attendait à une réaction positive de la Bourse. D’autant qu’il était persuadé, même si le communiqué de présentation des comptes n’en faisait pas mention, que les prévisions de marge brute pour l’ensemble de l’exercice (entre 47% et 48% attendue, globalement stable sur un an) seraient relevées au vu des chiffres du premier trimestre et ceux attendus pour le deuxième trimestre. Cela n'a pas été le cas.

La direction, interrogée sur le sujet dès la première question de la session des Q&A, s’en est tenue à sa prévision initiale. Le directeur financier, Lorenzo Grandi, a notamment fait valoir que la marge brute « n'a pas encore été significativement affectée par l'augmentation des coûts de fabrication », ce qui sera différent au second semestre qui souffrira, par ailleurs, de vents contraires en matière de prix. Le niveau des stocks, plus élevé que prévu (122 jours contre 100 à la fin du quatrième trimestre) à cause d’une demande plus faible que prévu dans l’électronique grand public, pénalisera également la marge brute sur la seconde partie de l’année. « A l'exception des stocks sur le marché de la consommation, nous ne détectons pas d'excès d'inventaire », a toutefois indiqué le patron du groupe.

Les analystes, craignant, dans les prochains mois, un ralentissement de la demande dans le segment automobile, ont beaucoup interrogé STMicroelectronics à ce sujet. Car, comme l’a dit Lee Simpson chez Morgan Stanley, « les fondeurs parlent d'un ralentissement du carnet de commandes pour l’automobile. » Mais la direction du groupe n’a pas semblé inquiète. Au total, aujourd’hui, le carnet de commandes représente six trimestres d’activité.

Source: Investir