Nucléaire : à Zaporijia, des réserves en eau suffisantes pour refroidir les réacteurs " pendant plusieurs mois "

June 08, 2023
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Des secouristes ukrainiens en combinaison de radioprotection assistent à une formation à Zaporijia, en Ukraine, le 7 juin 2023. ANDRIY ANDRIYENKO / AP

Centimètre après centimètre, le réservoir se vide. A 18 heures, mercredi 7 juin, il avait déjà perdu 2,8 mètres pour tomber à une hauteur de 14,03 mètres. Depuis la destruction partielle, dans la nuit du 5 au 6 juin, du barrage de Kakhovka, dans le sud-est de l’Ukraine, le niveau de la vaste retenue d’eau qu’il formait sur le fleuve Dniepr est scruté avec appréhension : cette réserve représente la principale source permettant d’assurer le refroidissement de la centrale nucléaire de Zaporijia, située en amont.

Dès les premières heures après la rupture du barrage, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a écarté la crainte d’un accident nucléaire imminent, qui serait venu s’ajouter à la catastrophe humaine et environnementale. « Il n’y a pas de danger nucléaire immédiat », a rassuré son directeur général, Rafael Mariano Grossi. Les dommages infligés à l’installation fragilisent toutefois encore davantage la sûreté du site, occupé par les forces russes. Depuis plus d’un an, l’agence onusienne n’a cessé d’alerter sur le contexte extrêmement précaire dans lequel fonctionne la centrale, affectée par des coupures d’électricité à répétition, des affrontements et de très fortes pressions exercées sur le personnel ukrainien. « De toute évidence, [la destruction du barrage] rend la situation en matière de sûreté et de sécurité nucléaire encore plus difficile et imprévisible », a insisté M. Grossi, qui devrait se rendre une nouvelle fois à Zaporijia dans les prochains jours.

Alors que les inondations contraignent des milliers de civils à quitter leurs habitations au sud du barrage, au nord, c’est la baisse du niveau de l’eau qui représente le principal péril. La centrale de Zaporijia est située sur la rive gauche du fleuve Dniepr, à environ 150 kilomètres en amont de l’ouvrage. Même lorsqu’ils sont à l’arrêt, comme c’est le cas depuis plusieurs mois, ses six réacteurs doivent être refroidis en permanence pour éviter une fusion du cœur, qui pourrait entraîner des rejets radioactifs.

En temps normal, de l’eau est pompée dans le réservoir pour alimenter le circuit de refroidissement de l’installation. Mais si le niveau de la retenue d’eau descend au-dessous de 12,7 mètres, les pompes ne pourront plus fonctionner. « Au rythme actuel, ce niveau pourrait être atteint au cours des deux prochains jours », a précisé mercredi soir l’AIEA, dont plusieurs inspecteurs sont présents en permanence sur le site de Zaporijia depuis septembre 2022.

Centrale touchée par les bombardements

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Source: Le Monde