Comment garer ta bagnole change (un tout petit peu) le monde

June 08, 2023
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Le sujet du coût et des conditions de stationnement est certainement une source de frustration pour les automobilistes de toutes les villes du monde, et Lyon n'est pas une exception. Il est à noter que la part des personnes utilisant l'automobile diminue face à l'essor du vélo et des transports en commun. D'ailleurs aujourd'hui un ménage sur trois du Grand Lyon, y compris dans des quartiers aisés, ne possède pas d'automobile. Et la part dépasse les 50% dans nombre de zones du 7e, du 9e ou du 1er arrondissement.

Le stationnement est un outil politique

Cependant, ce sujet, bien qu'il ne soit pas toujours passionnant, peut aussi servir de levier politique au profit, par exemple, de la transition énergétique et écologique. Certes, le prix du stationnement dans des rues comme celle de la Gerbe ou la rue des Chevaucheurs ne changera pas le monde à lui seul, surtout lorsqu'on constate que la planète utilise encore 85% d'énergie fossile. Toutefois, il y contribue à sa manière, ce qui, j'imagine, est le sens des décisions prises par l'Adjoint au Maire en charge des Mobilités, Valentin Lungenstrass. Il a ainsi fait passer le tarif de stationnement d'un tarif unique de 20 euros à un tarif de 15 euros pour les 20% des automobilistes les plus modestes ou utilisant des véhicules électriques de taille raisonnable, 30 euros pour 75% des automobilistes et 45 euros pour les 5% possédant les véhicules les plus encombrants concernant les visiteurs. Concernant les résidents, la majorité devraient avoir le tarif réduit (oui le système est un peu complexe à lire).

Concernés par le tarif réduit, la plupart des véhicules électriques pourront donc se garer à un tarif inférieur à ceux utilisant de l'énergie carbonée. C'est une mesure pertinente à un moment où des entreprises aussi sérieuses que RTE alertent sur la nécessité d'accroître notre consommation d'énergie électrique. En France, le pétrole reste de loin l'énergie la plus consommée, alors même que les émissions de gaz à effet de serre ont atteint un niveau critique, comme l'a évoqué le PDG d'une entreprise aussi éloignée du monde de l'écologie militante que le géant pétrolier Aramco lors de ses interventions publiques. Encourager et récompenser ceux qui font le changement est une bonne chose.

Lyon compte moins de voitures électriques que la moyenne française...

D'après les données du ministère de la Transition écologique, la proportion de véhicules électriques à Lyon était de 1,8 % en 2019 (ça date un peu...), soit 3600 voitures sur un parc total de 200 000. Ce chiffre est légèrement inférieur à la moyenne nationale, qui était de 1,92 % la même année, alors que le pouvoir d'achat moyen des Lyonnais est supérieur à la moyenne nationale.

Et qu'en est-il des personnes plus défavorisées qui n'ont pas encore les moyens de s'offrir des véhicules électriques ? Ceux-là même que mentionnent les proches de Nathalie Perrin-Gilbert, de la mouvance Insoumise de Lyon, ou que le communiste Augustin Pesche a évoqués dans un communiqué virulent contre la politique de la majorité municipale à laquelle il appartient ? Un tarif réduit est prévu pour eux. De même, pour ceux, souvent modestes, qui possèdent de petites citadines à énergie carbonée.

Les véhicules les plus volumineux et ayant le plus grand impact sur l'espace urbain et l'écologie devront payer un tarif majoré de 45 euros par mois. Cela concerne les véhicules à énergie polluante qui pèsent plus de 1725 kg à vide, ce qui équivaut à un poids de 1800 kg en fonctionnement, comme stipulé dans la loi de finances de 2021. Ces véhicules sont soumis au malus de poids imposé par le gouvernement, ce que semblent oublier les élus de l'opposition macroniste comme Yann Cucherat, lorsqu'ils évoquent une chasse à l'automobiliste avec ces mesures de la Ville de Lyon. Cela concerne également les hybrides rechargeables qui pèsent plus de 1900 kg et les véhicules avec une vignette "Crit'Air verte" qui pèsent plus de 2200 kg.

Les véhicules lourds des particuliers sont un danger pour notre avenir à tous

La mesure et les différents seuils de tarifs, bien qu'un peu complexes, a certes un côté quelque peu labyrinthique (il aurait été plus simple de fixer un seuil unique), mais l'idée va également dans le sens du climat : en plus de prendre plus de place sur la chaussée, les véhicules massifs et coûteux, qu'ils soient électriques ou à combustibles fossiles, nécessitent beaucoup plus de matériaux pour leur construction et consomment davantage de ressources pour leur production. Un SUV thermique émet environ 6 tonnes de CO2 par an pour un usage moyen de 15.000 km, tandis qu'une voiture légère électrique n'en émet que 0,9 tonne. Cela signifie qu'un SUV thermique a une empreinte carbone six fois plus élevée qu'une voiture légère électrique.

Enfin il devrait aussi y avoir des tarifs spéciaux pour les professionnels (de santé par exemple) ayant besoin d'utiliser leurs véhicules.

On ne sauvera pas la planète avec des tarifs de stationnement résidentiel, mais commencer, comme c'est le cas ici, par des politiques de bon sens, est un pas dans la bonne direction.

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Romain Blachier

Source: Lyon Mag