Énergie : l'État français renationalise EDF à 100 % et aborde une nouvelle ère nucléaire

June 08, 2023
195 views

Ralentie par l'obstruction des petits actionnaires, la renationalisation à 100 % d'EDF a été finalement menée à bien jeudi, près d'un an après la décision du gouvernement. L'exécutif veut ainsi pouvoir relancer le nucléaire en France et réindustrialiser le pays.

La renationalisation à 100 % d'EDF a été finalement menée à bien, le 8 juin 2023, près d'un an après la décision du gouvernement qui veut ainsi pouvoir relancer le nucléaire en France et réindustrialiser le pays.

Publicité Lire la suite

Malgré l'obstruction des petits actionnaires, "l'État (français) a mis en œuvre ce jour la procédure de retrait obligatoire des titres de capital d'EDF", a indiqué jeudi 8 juin Bercy dans un communiqué. "En conséquence, l'État détient à présent l'intégralité du capital et des droits de vote d'EDF".

L'Autorité des marchés financiers (AMF) avait annoncé fin mai l'échéance du 8 juin, date à laquelle les actionnaires détenteurs des 2 % de titres encore en circulation seraient contraints de vendre leurs parts, portant ainsi l'État à 100 % du capital.

"Cette reprise de contrôle total de notre électricien national était une priorité du gouvernement", a salué le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, une opération chiffrée à 9,7 milliards d'euros. La renationalisation, annoncée en juillet 2022, "était indispensable pour permettre à EDF de mener de manière accélérée plusieurs chantiers décisifs", notamment celui de l'augmentation de la production du parc nucléaire existant, a-t-il ajouté.

"Quand on aborde une période avec autant de défis énergétiques, (...) le fait d'avoir un seul actionnaire, évidemment, permet d'avoir un alignement complet sur une vision de long terme", a appuyé jeudi le patron d'EDF, Luc Rémont, lors du congrès annuel de l'Union française de l'électricité (UFE).

>> À lire aussi : Les questions que pose la loi pour accélérer la construction de nouveaux réacteurs nucléaires

Accélérer la relance du nucléaire et le développement des énergies renouvelables

Ce "retrait obligatoire" d'EDF de la Bourse contraint les derniers actionnaires récalcitrants à se défaire de leur bas de laine pour 12 euros nets par titre – soit 20 euros en dessous du prix d'introduction en bourse, en 2005. Il intervient après des mois de bataille judiciaire autour de ce prix jugé trop bas par les petits actionnaires dont certains avaient misé leurs économies sur l'avenir d'EDF. Parmi eux, des salariés ou d'anciens salariés d'EDF qui avait acheté leurs titres avec une remise de 20 %.

De multiples recours ont été engagés pour obtenir au moins 15 euros par action, mettant des bâtons dans les roues de l'OPA avant que la justice n'y mette un point final début mai.

L'État détenait jusqu'à ces derniers mois 84 % de l'entreprise. Reprendre complètement la main va lui permettre d'accélérer la relance du nucléaire, avec la construction annoncée d'au moins six nouveaux réacteurs. En attendant la mise en service de ces nouvelles unités, au mieux en 2035-2037, la France et EDF vont devoir mettre les bouchées doubles pour développer les énergies renouvelables et rattraper leur retard par rapport à leurs voisins européens.

>> À lire aussi : Arrêt du nucléaire en Allemagne : Berlin met les gaz sur les énergies renouvelables

L'enjeu est crucial pour la souveraineté énergétique du pays alors que la consommation d'électricité devrait augmenter bien plus rapidement que prévu d'ici 2035, avec le relèvement des objectifs climatiques européens et la réindustrialisation voulue par le gouvernement.

Dette record de 64,5 milliards d'euros en 2022

Seul hic, la marge de manœuvre financière d'EDF semble inexistante : lors de la présentation de ses résultats annuels 2022 mi-février, l'énergéticien avait annoncé une dette nette record de 64,5 milliards d'euros. Celle-ci est la conséquence d'une production électrique historiquement basse en 2022. S'ajoutent à cela la découverte d'un phénomène de corrosion dans plusieurs centrales nucléaires et la contribution forcée de l'entreprise au "bouclier tarifaire" décidé par le gouvernement.

Pour contenir la facture des ménages et des entreprises, l'État a obligé le groupe à vendre en 2022 davantage d'électricité à bas prix à ses concurrents, fournisseurs alternatifs. Une mesure au coût exorbitant pour l'opérateur historique : 8,34 milliards d'euros.

Ce mécanisme par lequel EDF est contraint de vendre cette électricité à bas coûts, l'Arenh (Accès régulé à l'électricité nucléaire historique), doit s'éteindre en 2025. Le flou règne autour de la suite. Luc Rémont demande son abandon, fustigeant "une sous-rémunération de l'entreprise". Le gouvernement a assuré en mars que les contours du financement du nouveau nucléaire seraient fixés d'ici "la fin de l'année".

Le temps presse : le coût estimé pour la construction des six premiers réacteurs EPR est chiffré, selon les dernières estimations d'EDF, à 51 milliards d'euros, somme impossible à supporter par cette entreprise seule.

Avec AFP

Le résumé de la semaineFrance 24 vous propose de revenir sur les actualités qui ont marqué la semaine Je m'abonne

Source: FRANCE 24