Alexandre Benalla rejugé en appel ce 9 juin, cinq ans après les " violences du 1er-Mai "

June 09, 2023
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GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

JUSTICE - Au cœur d’un scandale politique à rebondissements, l’ex-chargé de mission de l’Élysée Alexandre Benalla est rejugé à partir de ce vendredi 9 juin pour des violences lors du 1er-Mai 2018, qui lui avaient valu un an de prison ferme en première instance.

Le jeune homme de 31 ans, aujourd’hui reconverti dans le privé, est accusé d’avoir molesté trois hommes et deux femmes en cherchant à les interpeller en marge de la manifestation du 1er mai 2018 à Paris, coiffé d’un casque de la police, alors qu’il n’assistait au défilé qu’en tant qu’« observateur ».

Le « Benallagate » avait éclaté le 18 juillet 2018, après son identification par le journal Le Monde sur une vidéo où il brutalisait un couple place de la Contrescarpe.

Un procès reporté en janvier dernier pour des « difficultés personnelles et de santé »

Celui qui était, à 26 ans, au centre du dispositif de sécurité du président de la République avait été suspendu 15 jours, mais avait toujours un bureau au « Château », révélait le quotidien.

L’article avait déclenché un séisme politique dont les répliques avaient secoué pendant des mois le pouvoir d’Emmanuel Macron, au rythme des révélations de la presse et des auditions au Parlement.

Alexandre Benalla devra également répondre à nouveau devant la cour d’appel de « faux, usage de faux en écriture et usage public sans droit d’un insigne » pour avoir continué à voyager avec des passeports diplomatiques après son licenciement de l’Élysée. L’ancien proche collaborateur du président se voit enfin reprocher d’avoir porté illégalement une arme de poing en 2017.

Ce procès en appel devait initialement se tenir fin janvier dernier, mais l’audience avait été renvoyée en raison de « difficultés personnelles et de santé » d’Alexandre Benalla.

« Explications absurdes »

En première instance, il avait écopé de trois ans de prison, dont un ferme, sous bracelet électronique, de l’interdiction d’occuper un emploi public pendant cinq ans et d’une interdiction de port d’arme pendant dix ans.

A l’audience, il avait nié la quasi-totalité des faits reprochés, affirmant avoir agi « par réflexe » citoyen, mais n’hésitant pas « à donner des explications absurdes et irresponsables », selon le jugement du tribunal correctionnel de Paris.

L’un de ses avocats joint par l’AFP, Charles Chambenois, n’a pas souhaité s’exprimer avant l’audience.

L’argument de la « défense des forces de l’ordre »

Son acolyte Vincent Crase, à l’époque chargé de la sécurité au parti En marche (aujourd’hui Renaissance), figurera lui aussi à nouveau sur le banc des prévenus pour « violences en réunion », « port prohibé » d’une matraque télescopique et « immixtion dans une fonction publique » pour avoir participé de façon illégale à l’interpellation de trois personnes.

Il lui est aussi reproché d’avoir obligé l’une de ces personnes à effacer une vidéo prise avec son téléphone portable. Ami de longue date d’Alexandre Benalla, l’ex-gendarme réserviste de 50 ans, aujourd’hui sans emploi, avait été condamné en première instance à deux ans de prison avec sursis et à une interdiction de port d’arme.

« Il n’a jamais voulu (...) violenter quiconque mais au contraire, défendre les forces de l’ordre et faire cesser la commission d’infractions par des manifestants particulièrement agressifs », a indiqué à l’AFP son avocat, Robin Binsard, qui sollicitera sa relaxe.

Les deux policiers condamnés en première instance pour avoir transmis des images de vidéosurveillance à Alexandre Benalla le soir de la publication de l’article du Monde n’ont eux pas fait appel.

« Entrave à la manifestation de la vérité »

En plus des cinq victimes présumées des violences en réunion, deux syndicats de police se sont constitués parties civiles, ainsi que l’ex-chef de cabinet de l’Élysée François-Xavier Lauch et l’auteur de la vidéo du 1er-Mai, l’ancien journaliste et militant Taha Bouhafs, dont la constitution de partie civile avait été jugée irrecevable en première instance.

Alexandre Benalla fait l’objet de trois autres enquêtes préliminaires. L’une porte sur son rôle dans la signature de contrats avec des oligarques russes alors qu’il était en poste à l’Élysée.

Une autre, ouverte en février 2019 pour « entrave à la manifestation de la vérité », vise à déterminer s’il a dissimulé des preuves dans le cadre de l’enquête sur les violences du 1er mai 2018, notamment deux coffres-forts.

La troisième, lancée en avril 2019, porte sur des soupçons de « faux témoignage » de Benalla et Crase devant la commission d’enquête du Sénat sur l’affaire. Le procès doit durer jusqu’au 16 juin.

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Source: Le HuffPost