Toulouse-Racing 92 : face aux Toulousains, Gaël Fickou poursuit sa tournée de ses anciens clubs

June 09, 2023
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Gaël Fickou (à l’avant) avec ses coéquipiers du Racing 92, lors d’un match contre le Stade français, au stade Jean-Bouin, à Paris, le 3 juin 2023. FRANCK FIFE / AFP

Il ne fait pas toujours bon de recroiser ses anciennes conquêtes. Surtout quand ces dernières paraissent avoir mieux réussi après votre séparation. A 29 ans, Gaël Fickou le sait. « Coïncidence ou pas, à chaque fois que j’ai quitté un club, il a été comblé de succès l’année suivante. Alors que, personnellement, mon palmarès demeurait désespérément vierge », relate le centre du XV de France dans un ouvrage, publié début mai, qui plonge Derrière l’armure (avec Maxime Raulin, L’Equipe-Solar, 272 pages) du colosse de la Seyne-sur-Mer (Var).

Si, en 2012, Toulon avait largement commencé sa période faste – couronnée de trois Coupes d’Europe consécutives en 2013, 2014 et 2015 – quand le jeune Gaël Fickou, 18 ans alors, a choisi de quitter la rade pour les rives de la Garonne, le Stade toulousain a décroché son vingtième bouclier de Brennus au terme de la saison qui a suivi son départ vers Paris (en 2018). « Bon, ça s’est arrêté quand j’ai quitté le Stade français, dit le joueur. C’est derrière moi, désormais. »

Gaël Fickou – avec ses partenaires du Racing 92 – affronte, vendredi 9 juin, l’un de ses anciens clubs, Toulouse, pour une place en finale du Top 14. Dans ce dernier carré délocalisé, le temps d’un week-end, à Anoeta, antre basque espagnol de la Real Sociedad, le club de football de Saint-Sébastien, Gaël Fickou le voyageur aura pour ambition de propulser l’équipe de la région parisienne en finale du championnat de France.

Au tour précédent, lors du fratricide barrage francilien, c’est un autre de ses « ex » que le capitaine de la défense du XV de France – depuis la nomination de Fabien Galthié et de Shaun Edwards pour cornaquer la défense bleue – a croisé. D’un essai en contre en fin de rencontre, le centre des Ciel et Blanc a délivré le Racing 92 et expédié le Stade français en vacances (33-20).

Mais n’allez pas chercher chez le vétéran des Bleus (79 sélections) un surplus de motivation à l’idée de faire mordre la poussière à ses anciens clubs. « Je ne vois pas l’intérêt d’envier ou d’essayer de me comparer aux autres, expose le capitaine du Racing, rencontré en mai à la suite de la sortie de son autobiographie. Le destin a une part importante pour moi, et j’ai fait mes choix et n’en regrette aucun. Quand je suis parti [de Toulouse] et qu’ils ont gagné, j’étais content pour eux. Puisque ce n’était pas moi qui l’emportais, autant que ce soit mes potes. » D’autant que, depuis 2022, le Français a enfin soulevé le premier trophée de sa carrière – le grand chelem dans le Tournoi des six nations avec les Bleus.

Un « amoureux » de Paris

Gaël Fickou a la bougeotte. Rencontré dans le 16e arrondissement de Paris devenu, depuis 2018, son quartier, le centre de l’équipe de France reconnaît que, pour quelqu’un de son tempérament, se retrouver dans la capitale sonnait comme une évidence. « Quand j’ai quitté Toulon pour Toulouse, j’étais déjà attiré par Paris, mais elle me semblait inaccessible », expose le joueur. Pour un minot de la cité Berthe de la Seyne-sur-Mer – où, pour lui, « jusqu’à l’âge de 13 ans, le rugby n’existait presque pas » –, l’idée de quitter le Sud pour Paris évoquait un vaste monde. « Mais après quatre ou cinq ans à Toulouse, j’ai ressenti l’envie de connaître la capitale. C’était clair pour moi : c’était là que je voulais être. »

Et pour cause. Sur les rives de la Seine, Gaël Fickou assouvit ses envies de rugby – d’abord au Stade français, puis au Racing 92 depuis 2021 –, mais il élargit également son horizon, sur le plan artistique notamment. « A Paris, on peut faire ce que l’on veut : au concert, au théâtre, il y a certains des meilleurs restaurants du monde, des musées et des monuments uniques… Sa diversité est incroyable », poursuit ce touche-à-tout, « amoureux » assumé de Paris. « Je serais incapable d’aller dans une ville où je ne suis pas bien, et de jouer au rugby », assure l’intéressé – en se gardant bien de citer des cités. Là où d’autres athlètes parviennent à s’épanouir uniquement grâce au projet sportif de leur club, quelle que soit sa localité, Gaël Fickou assume de vouloir davantage : « Je suis tellement épanoui dans ma vie personnelle, il n’y a pas que le rugby, c’est un ensemble. »

A Anoeta, celui qui « ne vivait que par le football » plus jeune, au point d’envisager d’y faire carrière avant de tomber dans le chaudron du rugby – attiré notamment par « les contacts » de ce sport – ne devrait pas être dépaysé. Quand elle ne se transforme pas, le temps d’un week-end, en capitale délocalisée du rugby français, l’enceinte de la ville de Saint-Sébastien héberge la Real Sociedad, sociétaire basque de la Liga espagnole.

Face à ses anciens partenaires de la Ville rose – dont il côtoie un nombre certain en Bleus –, Gaël Fickou sait que son équipe n’aura pas la faveur des pronostics. « Les Toulousains seront ultrafavoris, c’est une équipe très forte, très puissante, très complète, observait-il au sortir du barrage victorieux contre le Stade français. Nous n’avons rien à perdre, on va se préparer au mieux et tenter un coup de poker. » En cas de qualification en finale, il n’aura pas l’occasion de compléter la trilogie de ses anciens, Toulon ne s’étant pas qualifiée pour les phases finales.

Source: Le Monde