Adolescente séquestrée et torturée à Meudon : prison ferme pour trois femmes

June 10, 2023
374 views

Leur peine est prononcée près de 10 ans après les faits. Trois femmes ont été condamnées à 6 ans, 8 ans et 9 ans de prison ferme par la cour d’assises des Hauts-de-Seine, dans la nuit de vendredi à ce samedi. Elles ont été reconnues coupables de complicité de viol, de violences et séquestration d’une adolescente de 15 ans.

Deux hommes ont par ailleurs été condamnés à 4 ans et 6 ans ferme pour viol ; un troisième a été acquitté. Toutes les condamnations ont été assorties d’un mandat de dépôt. Les six accusés comparaissaient libres pour ces faits qui datent d’avril 2014. Il s’agit de peines « difficiles à accepter pour la victime au regard de la violence des faits » mais qui, « certes, prennent en compte les années passées », a souligné son avocat, Me Clément Diakonoff.

Danaé K, Wendy H. et Christel W., à l’époque âgées de 21 ans, 22 ans et 43 ans, étaient accusées d’avoir retenu la victime dans un appartement de Meudon (Hauts-de-Seine) et de l’avoir obligée, sous la menace de coups, à avoir des relations sexuelles avec des hommes contactés à cet effet. En fugue au moment des faits, la victime avait rejoint en région parisienne Danaé K. et Wendy H, d’ « anciennes amies » avec qui elle s’était disputée par le passé pour des « histoires de garçons ». Toutes les trois étaient hébergées par Christel W. Les trois accusées étaient jugées pour séquestration « avec torture ou actes de barbarie », proxénétisme et complicité de viol.

« On ne répare pas la victime et on détruit des vies qui ont été reconstruites »

Dans sa décision rendue peu avant 3 heures après cinq jours d’audience, la cour d’assises de Nanterre n’a pas retenu le proxénétisme et a requalifié les faits de « tortures ou actes de barbarie » en « violences volontaires en réunion et avec armes ».

Wendy H, condamnée à 9 ans de prison ferme, a fondu en larmes à l’énoncé du verdict. Plusieurs de ses proches sont sortis de la salle en pleurant. L’avocate générale avait requis 9 ans de prison à son encontre, la présentant comme « la plus violente », ainsi qu’à l’encontre de Christel W, « tenancière de la honte ». Elle avait demandé 7 ans pour Danaé K, qualifiée de « bras droit de l’humiliation », retenant l’altération du discernement. Christel W. et Danaé K. ont été condamnées à respectivement 8 ans et 6 ans ferme.

À l’encontre de Mahfoud M, Mouloud B. et Raymond A, accusés d’avoir violé la jeune fille, elle avait réclamé des peines de 7 ans de prison avec mandat de dépôt. Leurs trois conseils avaient plaidé l’acquittement. Raymond A. a été acquitté, Mouloud B. et Mahfoud M. sont respectivement condamnés à 6 ans et 4 ans de prison ferme. « Qu’il y ait des peines aussi importantes 10 ans après les faits, à cause d’une défaillance de la justice, je trouve ça choquant », a regretté Me Stéphane Maugendre, conseil de Mouloud B. « On ne répare pas la victime et on détruit des vies qui ont été reconstruites, de gens qui n’ont rien commis d’autre après ces faits » de 2014, a-t-il ajouté.

« L’institution a failli » sur le délai avant le procès

Dans son réquisitoire, l’avocate générale avait dépeint « une innocente dont le corps et la dignité ont été réduits à bien peu de chose trois jours durant » par trois femmes qui l’ont utilisée comme « défouloir existentiel ».

Mercredi, la victime, aujourd’hui âgée de 24 ans, avait raconté à la cour des coups, des insultes, des menaces au couteau, des rapports sexuels forcés, dont elle ne parvenait pas à se souvenir en détail. « C’est une jeune fille de 15 ans que l’on a traitée autrement qu’un être vivant », avait déclaré son avocat, Me Clément Diakonoff, lors de sa plaidoirie.

Près de dix ans après, « quelle (Wendy H.) allez-vous condamner ? La Wendy d’il y a 10 ans ou la Wendy d’aujourd’hui ? », avait demandé aux jurés son avocat, Me Mourad Battikh, regrettant le délai « scandaleux » qui s’est écoulé entre les faits et le procès. Le délai a été « aberrant » dans cette affaire, avait observé mercredi la présidente. « L’institution a failli », avait-elle ajouté.

Source: Le Parisien