Explosions de Nord Stream : l'étau se resserre sur la Russie

April 28, 2023
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Par Hayat Gazzane

Publié le 28 avr. 2023 à 11:49 Mis à jour le 28 avr. 2023 à 12:11

Le mystère qui entoure le sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2 va-t-il enfin s'éclaircir ? Sept mois après les explosions qui ont endommagé les deux gazoducs en mer Baltique , l'étau se resserre sur Moscou. Un navire de la Marine russe, spécialisé dans les opérations sous-marines, aurait été photographié par un avion patrouilleur danois à proximité des gazoducs, quatre jours avant que les conduites n'explosent le 26 septembre 2022.

Or, « le navire spécial SS-750 est conçu pour effectuer des opérations sous la mer et dispose à son bord d'un mini sous-marin de type AS-26 Priz », écrit le quotidien danois « Information » , qui révèle l'information ce vendredi. Selon ce dernier, le commandement de la défense norvégienne confirme être en possession de 26 photos de ce navire russe, prises depuis le patrouilleur danois P524 Nymfen, qui se trouvait dans la zone le 22 septembre.

Des clichés top secret

D'après les experts interrogés par le quotidien danois, l'information constitue potentiellement un tournant dans les enquêtes criminelles en cours, menées conjointement par l'Allemagne, la Suède et le Danemark. « C'est incroyablement intéressant. Le SS-750 est un navire spécial conçu précisément pour les opérations sous-marines », décrypte ainsi le chercheur suédois Joakim von Braun, présenté comme un « expert russe et spécialiste du renseignement ». Le SS-750 « a la capacité de mener à bien une telle opération », renchérit un autre expert danois, Jacob Kaarsbo.

Quelque 112 photos de navires russes, présents dans la région en septembre dernier, seraient en réalité en possession du commandement norvégien de la défense. Mais 26 seraient de manière certaine celles du SS-750, équipé de son mini-sous-marin. Des clichés qui ne seront pas publiés car classés top secret, explique « Information ».

Que faisaient ces navires russes, et surtout le SS-750, dans la région, quatre jours avant le dynamitage des deux gazoducs ? Pour Joakim von Braun, un autre expert cité par le quotidien danois, la réponse est claire : « Il est très probable que ces navires aient été impliqués dans l'opération de sabotage. » D'ailleurs, souligne « Information », le fait même que des patrouilleurs danois, suédois et polonais aient été envoyés dans la zone à ce moment-là confirme que, pour ces pays, « quelque chose de suspect s'est produit vers le 21-22 septembre ».

« Un Etat est derrière »

Reste à savoir si ces éléments suffiront à incriminer officiellement la Russie. Moscou, impliqué dans une guerre du gaz avec ses anciens clients européens depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, rejette les accusations et pointe du doigt les Etats-Unis.

Début mars, le « New York Times » affirmait, sur la base d'informations consultées par le renseignement américain, qu'un « groupe pro-ukrainien » serait à l'origine des explosions. L'Allemagne avait annoncé au même moment enquêter sur un bateau suspecté d'avoir acheminé les explosifs sur le site, sans toutefois pouvoir encore tirer de conclusions sur l'identité des auteurs. Seule certitude à ce stade : ce sabotage est lié à l'invasion de l'Ukraine par la Russie et « un Etat est derrière », avait expliqué début avril Mats Ljungqvist, le procureur en charge de l'enquête préliminaire menée en Suède.

Source: Les Échos