La comédienne Sabine Azéma en ses demeures familiales
Sabine Azéma, à Paris, le 2 juin 2023. LAURA STEVENS POUR « LE MONDE »
Ouf ! A quelques jours de la sortie de Wahou !, de Bruno Podalydès, Sabine Azéma a réussi à nous faire un peu de place dans son emploi du temps. La comédienne arrive tout juste de Camembert (Orne), le village normand où s’affine le fromage du même nom. Elle vient d’y faire visiter une maison de famille, qu’elle destine à la vente. « Mon père est mort il y a quelques mois, confie-t-elle, installée dans le café d’un cinéma du Quartier latin, à Paris. Il y avait l’agent immobilier, un couple d’acheteurs… » La coïncidence avec Wahou ! saute aux yeux. N’y joue-t-elle pas, de même, une femme résolue à céder la propriété qu’elle partage avec son mari ?
Azéma y voit « un intersigne », ainsi qu’elle désigne les reflets que se jettent, parfois, la vie et le cinéma. Le film a été écrit dans une autre demeure, près d’Arles (Bouches-du-Rhône). « Nous étions en vacances, avec Bruno et des amis. Un jour, il nous a réunis pour lire le scénario. Et il s’est tourné vers moi : “Pour ce rôle-là, j’ai pensé à toi.” » Il s’agit de leur troisième collaboration, après Le Mystère de la chambre jaune (2003) et Le Parfum de la dame en noir (2005) – la quatrième si l’on inclut le segment que Bruno Podalydès a réalisé pour Vous n’avez encore rien vu (2012), d’Alain Resnais.
Sabine Azéma l’a rencontré sur un bateau, au Japon, parmi une délégation d’artistes français. « La terre s’est mise à légèrement trembler, l’embarcation a tangué, on s’est regardés avec Bruno… » Ses yeux s’écarquillent, de la surprise passe sur son sourire : voilà l’effet que produit un intersigne sur le visage, déjà si stylisé, d’Azéma.
« Œuf de la tour Eiffel »
Très vite, Bruno Podalydès s’est lié au couple qu’elle formait avec Alain Resnais. « Chez nous, c’était table ouverte. Bruno venait souvent dîner avec notre bande d’amis, Dussollier, Arditi… Alain le considérait comme son fils spirituel. Leurs films ne ressemblent à ceux d’aucun autre. Ce sont deux cinéastes ludiques, uniques », poursuit-elle, en s’étonnant de la rime qui s’est subrepticement invitée sur son palais.
Dans Wahou !, le conseil immobilier est décrit comme l’art de « loger les gens ». Et les propriétaires, sûrs d’eux, s’y opposent aux locataires, qui s’excusent presque d’exister. « Pour ma part, j’ai toujours été locataire, par goût de la liberté. » Azéma loge comme elle voyage, léger. « Chez moi, j’essaie de ne pas m’encombrer d’objets, pour ne pas être trop confrontée au passé. » Wahou ! a en partie été tourné dans le pavillon de banlieue où a grandi la compagne de Bruno Podalydès, la photographe et documentariste Anne-Françoise Brillot. Un écho, aussi, à la maison versaillaise où le cinéaste et son frère, l’acteur Denis Podalydès, ont passé leur enfance. « C’était un lieu chargé de souvenirs. Bruno et Anne ont habité là, un certain temps. Rien n’était anodin. »
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Source: Le Monde