Roland-Garros 2023 : Iga Swiatek conserve son titre au bout du suspense

June 10, 2023
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Iga Swiatek après son troisième sacre parisien, samedi 10 juin 2023. AURELIEN MORISSARD / AP

Iga Swiatek avait déjà soulevé la Coupe Suzanne-Lenglen à deux reprises : en 2020, puis l’an dernier. Pourtant, ses retrouvailles avec le trophée ne se sont pas passées tout à fait comme prévu. Alors que la Polonaise le hissait et l’agitait, la partie supérieure de celui-ci s’envola et tomba… Comme un clin d’œil à la finale qu’elle venait de remporter, samedi 10 juin.

Ce match contre la Tchèque Karolina Muchova (43e joueuse mondiale), Iga Swiatek a d’abord semblé le maîtriser, avant de trébucher et de perdre un set en route. Mais elle en est finalement ressortie victorieuse : 6-2, 5-7, 6-4, en 2 h 46 min.

A seulement 22 ans, la numéro 1 mondiale s’adjuge là son troisième titre à Roland-Garros, son quatrième en Grand Chelem (avec l’US Open en 2022). « La relation qu’elle a avec le tournoi et le public ici prend tout son sens, année après année, et on peut s’imaginer la voir soulever le trophée encore de nombreuses fois », a réagi Amélie Mauresmo, directrice des Internationaux de France, après la rencontre.

Reste que la native de Varsovie, qui avait survolé ses six matchs précédents sans perdre un set et passé seulement 7 h 41 min sur les courts avant ce samedi, a cette fois senti l’ocre de son jardin parisien trembler sous ses pieds.

Une finale décevante puis haletante

Pas aussi impériale qu’au début de sa quinzaine, elle a pu compter sur sa solidité habituelle pour empocher le premier set assez aisément (6-2) contre une Karolina Muchova dangereuse mais trop imprécise – quatorze fautes directes dans la première manche – et, peut-être aussi, rattrapée par l’enjeu d’une première finale en Grand Chelem.

Au bout d’une heure de jeu, le panneau d’affichage exposait 6-2, 3-0 en faveur d’Iga Swiatek. La sentence semblait sur le point de tomber. Le jeu tout en variations de la Tchèque, qui avait tant coupé les jambes et déréglé les frappes puissantes d’Aryna Sabalenka au tour précédent, ne faisait pas le poids face à la constance de la Polonaise. Les tribunes, déjà peu garnies, commençaient à se vider. Les rares « Allez Iga » ou « Allez Karo » se faisaient encore plus discrets.

C’est alors que Karolina Muchova, déjà revenue de nulle part en demi-finales contre la tête de série no 2 – menée 2-5 au troisième set, elle a sauvé une balle de match –, refit un tour de magie et un hold-up inattendu pour inverser le cours du match. Elle signait également le point de la partie avec une séquence service-volée, conclue par une volée de revers en extension, dos au filet. Au sol, elle en perdait sa raquette. Et c’est bien elle, un point plus tard, qui empochait le deuxième set. Ce qui ressemblait jusqu’alors davantage à un match anodin prit enfin des allures de finale, les fautes directes et l’ambiance morne laissant place au beau jeu et au suspense.

Menée deux fois d’un break, et dos au mur lorsqu’elle a dû sauver une balle de break à 4-4, Iga Swiatek a fait parler son expérience, parvenant à chaque fois à recoller en prenant davantage l’initiative. Karolina Muchova, qui n’avait jamais passé le troisième tour à Roland-Garros, a fini par craquer, avant de s’incliner, au jeu suivant, sur une double faute.

La Polonaise pouvait alors s’accroupir, la tête dans les mains, en larmes. « Elle a tout lâché, on voit qu’elle a dû puiser, a constaté Amélie Mauresmo. C’était un super spectacle, c’était fort de la part de Karolina de réussir à revenir dans le match. »

« Un début de parallèle » avec Rafael Nadal

Sitôt la balle de match passée, le combat avait laissé place à l’émotion sur le court Philippe-Chatrier. Karolina Muchova, d’abord, s’effondrait au moment de prendre la parole. « Quand je regarde ces gens [sa team], j’ai l’impression d’être la gagnante », a-t-elle dit la voix tremblante pour remercier son clan. La joueuse revient de loin : elle qui n’a pas été épargnée par les blessures avait dû quitter le tournoi en fauteuil roulant l’an dernier après une entorse à la cheville au troisième tour.

Puis ce fut à Iga Swiatek, toujours la casquette vissée sur la tête mais les yeux rougis par les larmes, d’exprimer à quel point la porte d’Auteuil est un endroit spécial pour elle. « Je le dis chaque année mais ce n’est pas la performance en soi qui compte, j’adore être ici, c’est l’endroit que je préfère du circuit. »

Si l’on ne peut pas encore parler de maîtresse des lieux à l’image d’un Rafael Nadal, quatorze fois vainqueur à Roland-Garros et absent cette année pour la première fois depuis 2005, la jeune Polonaise commence à prendre ses aises sur la terre battue parisienne. Et Amélie Mauresmo de reconnaître : « Il y a encore beaucoup de chemin entre trois et quatorze titres, mais il y a un début de parallèle. »

Source: Le Monde