L’économie de la Chine souffre encore, six mois après la fin du zéro Covid

June 10, 2023
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ReportageAprès un début d’année dynamique, l’activité chinoise semble marquer le pas, affectée à la fois par la conjoncture internationale et le manque de confiance des consommateurs.

Yaqing, qui n’a pas souhaité donner son nom, jean et tee-shirt noir, a rempli un panier de chips, de petits gâteaux et de produits cosmétiques. Au moment de passer à la caisse, la femme de 28 ans montre sa carte de fidélité virtuelle avant de payer : c’est une habituée de Hotmaxx, une chaîne de magasins offrant des produits proches de la date de péremption à prix cassés.

Danseuse professionnelle, elle n’a pratiquement pas travaillé en 2022, quand la plupart des spectacles ont été annulés à cause de la politique zéro Covid et de ses confinements à répétition. « Maintenant ça va mieux, les événements reprennent, mais je continue à faire attention », témoigne-t-elle. A l’heure où les employés quittent le travail, le magasin situé au sous-sol d’un centre commercial de l’ouest de Shanghaï ne désemplit pas.

Les chaînes de produits à prix cassés comme Hotmaxx, fondé en 2014, connaissent un franc succès depuis la fin de la politique zéro Covid, en décembre 2022. Car si, depuis, les Chinois ressortent, ils restent prudents quand il s’agit de dépenser leur argent. Après un essor de la consommation en début d’année, les indicateurs économiques montrent un ralentissement depuis avril. « Il y a eu une explosion de l’activité juste après la réouverture : les gens en ont profité pour aller au restaurant et au cinéma, mais, depuis, l’enthousiasme est un peu retombé », décrit Louise Loo, économiste chargée de la Chine chez Oxford Economics.

Un serveur navigue sur son smartphone dans un restaurant à Shanghai, le 6 juin 2023. RAUL ARIANO POUR « LE MONDE »

Les ventes au détail, principale mesure de la consommation, ont déçu en avril, avec une progression mensuelle de 0,49 %, contre 0,78 % en mars et 1,64 % en février. Sur un an, la consommation augmente de 18,4 %, mais la base de comparaison est particulièrement faible, la faute au confinement de Shanghaï, au printemps 2022. La production industrielle a, quant à elle, augmenté de 5,6 % en avril, décevant, là aussi, les économistes, qui prévoyaient le double. Des chiffres qui dessinent une reprise chaotique : après un premier trimestre positif, qui avait enregistré 4,5 % de croissance annuelle, l’évolution de l’activité alimente l’incertitude sur l’avenir de l’économie chinoise.

L’épargne plutôt que la dépense

Si certains secteurs, comme le luxe ou le tourisme, ne connaissent pas la crise, d’autres sont touchés de plein fouet. Les ventes automobiles sont légèrement négatives sur les quatre premiers mois de l’année. Celles de smartphones ont baissé de 5 %.

Quant aux ventes de vin, elles se portent mal : « On travaille énormément, mais cela ne suffit pas, témoigne une commerciale dans une entreprise représentant des châteaux français en Chine, qui souhaite garder l’anonymat. Les stocks sont importants et les ventes sont faibles, parce que le vin est considéré comme un produit non essentiel, dont les gens se passent quand ils veulent réduire leurs dépenses. »

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Source: Le Monde