Méconnus et peu nombreux, les campings urbains ont une cote d’enfer

June 10, 2023
197 views

« Un tel calme, avec des arbres, le bord de Seine et à ce prix, c’est quasi impossible à trouver je pense. » Antoine est plutôt fier de sa trouvaille. Pour moins de 45 euros la nuit, il a pu dormir au camping de Paris, en tente, au cœur du bois de Boulogne, à seulement 6 km de la Tour Eiffel. « Bien sûr, il vaut mieux qu’il fasse beau. Mais pour mon week-end de trois jours, c’était impeccable. On pouvait même manger sur place et louer des vélos. Je n’y aurais jamais pensé si on ne m’en avait pas parlé. » Leur existence est effectivement peu connue, mais on dénombre en France une dizaine de campings urbains, au sein des grandes villes. Certains offrent des prestations haut de gamme, à l’image de celui de Nantes (5 étoiles), d’autres sont un peu plus populaires, comme à Rennes (3 étoiles). Mais tous bénéficient, depuis quelques années, d’une cote d’enfer.

Leur positionnement géographique, couplé à l’engouement retrouvé pour l’hôtellerie de plein air, en font des alternatives prisées aux hôtels et locations Airbnb. Le groupe Huttopia a même lancé un réseau spécifique nommé CityKamp, en rachetant et modernisant depuis 2005 des sites existants. Il regroupe aujourd’hui les campings de Paris, Lyon, Strasbourg, Colmar et Angers.

« Il y avait une volonté de créer une offre différente pour proposer une expérience qui soit à la fois urbaine et nature, explique Clémentine Massat, directrice marketing d’Huttopia. On propose des hébergements très divers allant du chalet en bois d’une capacité de 6 personnes jusqu’aux emplacements pour y poser une tente ou un camping-car. En général on est à une quinzaine de minutes du centre-ville à vélo ou en transports en commun. »

« On respire, il y a des jeux, souvent une piscine »

Le profil des clients est bien plus large qu’un camping de station balnéaire ou de montagne. Il y a d’abord les touristes, de type city breakers en recherche de bons prix. « Les tarifs sont accessibles à toutes les bourses, beaucoup plus qu’en hôtellerie. C’est un argument qui compte », observe Clémentine Massat. Même s’ils sont moins rentables pour les exploitants, les emplacements nus, les moins chers, pèsent généralement au moins la moitié de l’offre d’hébergement des campings urbains. Autre profil de clients : les familles, en court séjour avec leurs enfants. « Quand on a passé la journée à découvrir une ville, ce n’est pas toujours agréable de se retrouver dans un appartement de 15 m² avec ses enfants. En camping, on respire, il y a des jeux, souvent une piscine, un service de restauration. Il n’y a pas besoin de ressortir », observe Clémentine Massat.

Des emplacements tentes dans le camping de Lyon, appartenant au réseau City Kamp. - M.Reyboz

Enfin, surtout visibles en locatifs, il y a les clients choisissant le camping le temps de leur activité professionnelle. « Ils viennent pour des séminaires, des salons, ou des missions ponctuelles. Certains partagent un mobil-home à deux pendant cinq jours. J’ai eu plusieurs salariés d’Airbus, par exemple. J’ai eu aussi un pilote d’avion qui est resté avec sa famille pendant deux mois le temps de trouver un logement. Ils sont plus indépendants qu’à l’hôtel, ils profitent de la piscine. Certains recherchent aussi l’animation, les échanges. Ils ne se contentent pas de récupérer les clés à l’accueil », raconte Luc Bonnaud, directeur de Nantes camping, dont le chiffre d’affaires a été multiplié par deux en dix ans. Autres tendances citées par les exploitants : l’émergence de la van life et du cyclotourisme. « Des cyclotouristes, on en a de plus en plus chaque été. Je dois parfois en refuser », raconte Luc Bonnaud. A tel point qu’il envisage à moyen terme « des aménagements pour pouvoir en recevoir davantage ».

« Ouvrir un camping en ville, c’est devenu impensable »

Conscients du potentiel, les propriétaires de campings urbains se frottent les mains. Car la concurrence est extrêmement limitée. « C’est un modèle assez unique, avec des belles perspectives de croissance », reconnaît la directrice marketing d’Huttopia, dont le réseau CityKamp étudie la possibilité de racheter d’autres campings en Europe. Le seul moyen pour faire partie du marché. « Ouvrir un camping dans une métropole, avec le prix du foncier, c’est devenu impensable », confirme Luc Bonnaud.

Les gérants aimeraient désormais réussir à augmenter la durée du séjour, qui dépasse difficilement cinq jours, séduire davantage en hiver, et, in fine, s’affirmer comme hébergeurs incontournables des villes, comme c’est déjà le cas en Allemagne ou Europe du Nord. « Les Européens du nord ont une culture du camping très ancrée, ils vont y penser systématiquement, y compris en ville. On a cette ambition pour la France », affirme Clémentine Massat.

Source: 20 Minutes