L’Europe se mobilise au plus haut niveau au secours de la Tunisie

June 11, 2023
129 views

Le chef de l’Etat tunisien Kaïs Saïed, aux côtés de la président de la Commission européenne Ursula von der Leyen et de la président du conseil italien Giorgia Meloni, dimanche 11 juin à Tunis. SLIM ABID / AP

La Tunisie mobilise l’Europe comme jamais. Non en raison d’une exemplarité politique à soigner : sa régression autoritaire sous la férule du président Kaïs Saïed en fait, au contraire, un repoussoir. Mais parce que les interrogations sur sa stabilité inquiètent au plus haut niveau. La visite effectuée dimanche 11 juin à Tunis par la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen accompagnée de la présidente du conseil italien Giorgia Meloni – qui s’y déplaçait pour la seconde fois en cinq jours – et le premier ministre néerlandais Mark Rutte, donne la mesure de l’extrême importance prise par le dossier tunisien au sein de l’Union européenne (UE).

« Il est impératif d’éviter l’effondrement économique et social du pays », avait lancé fin mars Josep Borell, le chef de la diplomatie européenne. La dégradation vendredi par l’agence Fitch de la note de la Tunisie, déclassée de CCC + à CCC- (risque élevé de défaut), n’a fait que conforter les craintes sur la santé financière du pays et potentiellement sur ses équilibres sociaux.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés En Tunisie, le tournant répressif du régime de Kaïs Saïed Ajouter à vos sélections Ajouter à vos sélections Pour ajouter l’article à vos sélections

identifiez-vous S’inscrire gratuitement

Se connecter Vous possédez déjà un compte ?

L’alarmisme de M. Borell avait à l’époque déplu aux autorités tunisiennes et Ursula Von der Leyen s’est bien gardée de l’exprimer à nouveau. Il n’est question que d’« investir dans la stabilité et la prospérité » de la Tunisie, a souligné dimanche à Tunis la présidente de la Commission lors d’une « déclaration à la presse » sans journalistes, une pratique désormais bien installée dans la Tunisie autocratique du président Kaïs Saïed et à laquelle les Européens se sont pliés sans broncher.

Débloquer l’accord avec le FMI

Ursula Von der Leyen a annoncé à cette fin un « partenariat global » entre la Tunisie et l’UE embrassant les thématiques de l’économie, l’énergie, la migration, la formation… « Nous disposons d’une fenêtre d’opportunité d’ici le conseil européen, à la fin du mois de juin, pour ouvrir une nouvelle page de notre histoire », a enchaîné Mme Meloni qui s’est félicitée du rôle joué par son gouvernement dans l’effervescence actuelle de Bruxelles sur la Tunisie.

C’est en effet sous la pression de l’Italie, très inquiète de l’augmentation du nombre de migrants et réfugiés débarquant sur son sol en provenance de Tunisie – 26 555 sur les cinq premiers mois de l’année (soit 7 fois plus qu’en 2022) – que l’UE couve désormais Tunis de sollicitude. L’objectif est de mettre Kaïs Saïed en confiance afin qu’il finisse par accepter le projet de prêt du Fonds monétaire international (FMI) d’un montant 1,9 milliard de dollars alors même qu’il n’a cessé ces derniers mois d’en refuser les conditions – qualifiées de « diktats étrangers » –, notamment celles imposant un démantèlement des subventions aux produits de première nécessité.

Il vous reste 65.5% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source: Le Monde